Se dévouer de corps et de cœur à la belle humeur, au « flow », à la beauté, à la vérité : est-il actions et états plus désirables et plus profitables pour l’existence d’un homme ? Ne sont-ce point là proprement ces feux dont tout être devrait brûler ? Quand nos yeux se posent sur les individus absorbés par leur activité, ces braves cheminant par petites étapes en plein milieu d’une tâche radieuse et noble, tels des sentiers tranquilles à travers le bois, sur ces corps et ces esprits qui créent, que nous nous représentons l’illustre potier indien dansant avec son tour, le grand poète allemand humant le parfum des roses dans le jardin des mots, le prodigieux peintre hollandais et son chevalet formant un duo majestueux à l’écart parmi la foule ; que nous découvrons les entités sacrées, les senteurs délicieuses, les graves moulins du temps, alors nous éprouvons comme un sentiment délicat, une onde de ravissement, un léger et doux frisson nous parcourir, alors nous exhalons de longs soupirs de délivrance et nous lançons en nous-même : « Heureux ceux qui ont rencontré la vie ! Heureuses celles qui se baignent nues en la fontaine pure ! Ah ! Combien, devant vous, les frais torrents de l’enthousiasme se déversent dans mes veines, combien le contentement réchauffe mon sang ! Ah ! tant d’impressions, tant d’émotions s’animent et me portent ! » Mais déjà nous sentons que nos mots se noient sous la force et la grandeur de ces visions.
Photo © iStockphoto.com / jim8080
Laisser un commentaire