Les règles sociales, morales mêlées à la culture et formant ainsi les sociétés visent à l’équilibre, et de cette manière, à la survie et au bien-être de l’humanité : elles constituent des moyens au service de l’homéostasie. Tentons d’expliciter cela. — La vertu, cette « disposition ferme, constante de l’âme, qui porte à faire le bien et à fuir le mal » (Ac. 1935), et produisant un ensemble d’actes éthiques, possède des fondations ancrées au sein même de la condition humaine, à l’intérieur de la biologie. Les individus sont des organismes vivants et, en tant que tels, tendent naturellement à protéger leur existence, à persister. Lorsqu’ils y parviennent, ils se donnent la possibilité de résider dans un état optimal, et de connaître le plein épanouissement, la belle gaieté. Chaque personne est conçue, et pour essayer de durer, et pour être en quête du bonheur : tout ceci n’est rien d’autre qu’une simple réalité biologique. Et comme il est presque impossible de se préserver sans chercher à préserver autrui, l’esprit humain a pris toujours plus conscience de l’importance des organisations sociétales et des liaisons invisibles, mais bien réelles, présentes entre toutes les individualités, dans un système ô combien complexe et « connecté » ; d’ailleurs de cette compréhension nouvelle est probablement née la notion même de vertu. En examinant ce qui vient d’être évoqué plusieurs considérations se dégagent. Premièrement, la morale, puisqu’elle émerge d’un principe biologique n’est pas révélée. Deuxièmement, il est essentiel de réfléchir profondément à la notion de bien et de mal, et ce, en s’éclairant avec les derniers apports de la science — et ceux-ci nous annoncent sobrement mais fortement que sont bons les objets suscitant « de façon fiable et durable, les états de joie […] [et qui] ne font pas de mal aux autres individus » (Antonio R. Damasio). Troisièmement, la connaissance de notre propre nature s’approfondissant davantage, les groupes humains devraient investir toute leur expérience et toute leur volonté dans la construction et l’amendement d’instances mondiales — situées au même niveau que les conventions et les « lois » éthiques — capables de contenir les dérives actuelles, ainsi que de favoriser une aventure planétaire rassemblant toutes les conditions nécessaires à la vie et apportant soutien à la réalisation de celle-ci. En raison des impérieuses circonstances l’homme se doit plus que jamais de méditer sur les paroles du chercheur : « […] l’éthique, le droit et la politique [sont] des procédés homéostatiques […] [Ils constituent les] moyens pour les individus de parvenir à l’équilibre naturel qui s’exprime dans la joie […] Le bonheur n’est pas une récompense due à la vertu : c’est la vertu elle-même. » — Bien sûr, ces réflexions devraient être avantageusement prises en compte à chaque fois qu’il est question d’innovations, de mèmes, de bouleversement majeurs au sein de ces cultures globalisées — à l’intérieur de cette sphère tellement changeante, imprévisible… à la fois si excitante et si menaçante.
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