1
Avoir de l’oreille. — A : À qui s’adresse ce que tu écris. — B : À tous ceux qui, lorsque je pianote sur les touches, m’entendent !
2
La question alimentaire. — Nous devrions tous, lire à table ; et nous sustenter dans notre bibliothèque…
3
Impersonnel. — Existences bien vidées, débarrassées de leur substance originale, de toute âme, neutres, froides — impersonnelles. Portraits accrochés, encadrés, dépersonnalisés — société-objet.
4
Rire fou. — Rions, mes amis ! De notre propre ignorance, de notre propre folie, de nous-mêmes ! Et de celle des autres ignorant la leur !
5
Les habitudes. — Les mauvaises habitudes1, accusent toutes les imperfections de la vie ; les meilleures, les atténuent.
6
Évolution fatale d’idées fausses. — La déraison sereinement creuse la fosse commune. Le voile rouge, le voile de la mort, le drap violet peu à peu s’enroulent autour de l’esprit. Tout s’agite ; la fossoyeuse semble ne pas connaître le repos. « Et ce cimetière de vivants préfigurait celui où ils finiraient par se rejoindre tous2 »…
7
Sublime fierté. — Un homme d’une grande sagesse passant devant un individu éploré s’arrête, et lui dis : « Soutiens ton courage par une sublime fierté. Te fuit-elle ? Retiens-la donc ! Tu t’en crois incapable ? Fables que tout cela ! Ne sais-tu point qu’elle est un droit qu’il te faut éprouver, une victoire que tu te dois d’aller chercher ? Quoi ! Te laisseras-tu charmer et emporter par cette erreur qui t’incite à la délaisser ? » Se débattant dans ses larmes, l’esprit égaré, l’âme troublée le prend pour un fou. Après quelques moments, le considérant en silence, sans pitié mais tendrement, le « fou » poursuit : « Mais puisque mes paroles ont si peu d’effets, puisqu’à ma vue tu formes tant d’images déformées, fais donc ce que tu crois avoir à faire, et lorsque tu seras fatigué de toi-même, reprends ta route, ou bien, suis ta folie, encense ta mollesse et ne la reprends pas… »
8
Ce qui ne dépend pas de nous. — De ta vie même, peu s’en soucient ? Qu’importe ? Si c’est cela qu’ils désirent, eh bien, soit ! Ton cœur à mieux à faire que de dilapider son énergie en recherches incessantes d’adhésion, d’attention, d’amour. Ne sois pas assez détraqué pour percer ton inestimable vitalité, pour plonger dans ta force de vie même ta cruelle et perfide épée. Ainsi, aux être qui t’ignorent, aux choses qui, quoi que tu fasses, ne changent pas, aux phénomènes ne dépendant pas de toi, que ne consacres-tu le temps qui convient ?…
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« Une douce habitude vient émousser toutes les peines de la vie » (Stendhal).
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François Mauriac.
Photo © iStockphoto.com / AdrianHillman
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