Et, quand bien même l’homme serait responsable de chacun de ses actes (conjecture encore fort éloignée de l’état de preuve…), comment pourrait-il décider que celui-ci appartient à la sphère du « bien », et celui-là à l’abîme du « mal », tandis que parmi tous leurs enfants respectifs, il se trouve d’innombrables « bons » et à peu près autant sinon davantage de « mauvais » ? Car en effet, de même que d’un mécanisme « nuisible » ne découle pas nécessairement un produit « néfaste », ainsi un mécanisme « bénéfique » n’engendre pas ipso facto un produit « favorable ». Osons le dire, des esprits comme des mains d’une saleté épouvantable et d’une médiocrité sans nom s’envolent quelquefois, voire fréquemment…, sur les ailes du temps, des objets, des conséquences, des effets ô combien heureux : certainement, de conditions, de circonstances, de lieux, d’agents, de causes insoupçonnés émergent journellement des merveilles hautement improbables. Aussi lui suffit-il, au jugement sain, de réserver quelques secondes, d’observer la vertigineuse descendance de quelques causes et, ce faisant, d’apprécier la richesse, la variété d’espèces, la luxuriante diversité s’étalant sur l’étonnement de ses yeux pour que cesse d’opérer, en cet animal devenu parfaitement éduqué, cette erreur le conduisant à se croire capable de trancher avec assurance — en juge impérieux et violent — de tout cela : de la question de la moralité en toute action humaine…
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