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Pour une véritable justice environnementale internationale
Une guerre globale se produit maintenant sous nos propres yeux : celle de l’humain contre la nature. Le nucléaire, l’agriculture intensive, la disparition des espèces, l’assèchement des mers, la déforestation, l’écophagie sans cesse prospère — l’écocide planétaire s’épanouit, d’une manière singulière. Les armées nombreuses, qui pullulent, déversent partout leur instinct de domination inouï, produisent une dégradation des terres, de l’air, des océans, du climat et causent fréquemment des altérations irréversibles, des blessures irrévocables aux écosystèmes actuels. La Terre n’est plus la mère, la compagne et la fille de l’Homme, mais son esclave, et, après l’exploitation de l’homme par l’homme, émerge désormais l’effroyable « exploitation » de la nature par l’homme — et elle est colossale. Il y a destruction systématique et généralisée, il y a menace pour la paix et la sécurité des populations présentes et des générations à venir et il y a crime : celui de l’humanité — ce défoliant, l’agent orange — contre l’une de ses plus belles plantes : son humanité. L’inconscience, l’irresponsabilité, l’Inhumanité doit être traînée devant les tribunaux du bon sens, et au plus vite. Car en effet, l’homo sapiens, tout à fait demeuré, comme il n’est plus permis de le rester, déséquilibré à souhait ne sent pas l’imminence du danger, l’incroyable déséquilibre qu’il sème en la vie : le grand singe est aveugle — aveugle à la beauté du paysage, et surtout, au péril résidant en sa propre demeure. Mais cet aveuglement de l’empêche pourtant pas d’épandre en tous lieux, en dehors de lui et en lui, sa sottise — son poison le plus puissant et le plus stable. Institutions financières, « grands » patrons, États, chefs de gouvernement, cabinets d’expertise environnementale, individus sont tous les responsables directs, ou bien les complices — oui, ne feignez point l’étonnement ! les principaux coupables d’un tel état de choses, c’est vous, chers confrères inhumains ! — de l’insoutenable massacre perpétré allégrement. La planète languit, les ressources naturelles du monde entier sont dans les mains du marché1 ; mais que leur importe tout ceci, aux petites sphères joyeuses obnubilées par la Croissance, cédant aux deux astres conquérants : à la finance et à la folie ? Que leur importe tout ceci, à ces esprits dans la lune ignorant ce qu’ils sont et d’où ils viennent, à ces âmes à la dérive parmi les lames d’un Capitalisme insensé, — à cette multitude de corps flottant au sein de cette ère incertaine, avec leurs vastes oreilles cachées sous leurs minuscules bonnets à grelots ?! — Manifestement, très peu. D’où l’intérêt des manifestes !
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« L’ensemble de la planète devient une marchandise cotée […] Désormais, les acteurs financiers peuvent spéculer sur la dégradation des écosystèmes. » Agnès Sinaï, « Guerre totale contre la nature », Le Monde diplomatique, septembre 2015.
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Jusqu’au bout de la nuit
La Terre de son sang
toujours peut se vider,
dans la folie humaine
sans cesse se noyer,
qu’importe tout cela !
La finance alimente
continûment sa danse
sur le grand fond sonore
d’une nature en ruines,
sur ses cris étouffés —
rien n’y fait, rien ne change.
Spéculons, titubons,
et surtout, méprisons,
ivrognes que nous sommes,
consciences ensommeillées,
aveugles et avides,
jusqu’au bout de la nuit !
Néanmoins une chose
de certitude est pleine,
c’est qu’il n’est pas certain,
que demain, projecteurs
ainsi que toute enceinte
sauront se rallumer.
Photo © iStockphoto.com / Brian Brown
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