1
Personnalité créative. — L’ouverture d’esprit — pour ce qui concerne l’éventail des expériences —, la quête de l’aventure, l’attitude rebelle, l’individualisme, la sensibilité, l’entrain, la persévérance, la curiosité, la simplicité, le goût du travail bien fait, la recherche de la perfection, tous ces traits formant la personnalité créative1, ne se rencontrent que rarement à l’intérieur d’un même individu. Et pourtant le développement humain réclame ces êtres différents. J’entends ces adultes qui en grandissant savent garder cette capacité à s’émerveiller et à prendre des risques — cette aptitude et ce désir profond d’essayer, de se lancer —, ces explorateurs hardis qui ne s’abandonnent pas à l’atrophie de la volonté et de la créativité — parvenant à croître en préservant leur nature —, ces esprits qui dans les domaines les plus complexes de la connaissance continuent à offrir une grande liberté à l’enfant créateur respirant en eux. Lequel petit être n’aspire, dans ses immenses aires de jeux, qu’à s’amuser, s’exprimer, s’épanouir.
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Cf. Nancy C. Andreasen, The Creating Brain: The Neuroscience of Genius [e-book] (New York/Washington, D.C., Dana Press, 2005).
2
Désirer les moyens. — Pensent-ils sérieusement être en mesure de produire une œuvre valable en n’y mettant que l’énergie, la détermination, l’enthousiasme minimums ? Quand un créateur a-t-il dans le passé réduit au maximum la durée accordée à son travail, a-t-il considéré son ouvrage telle une chose négligeable, occupant une place secondaire au sein de son existence ? — Tout en agissant comme si leur tâche ne comptait pas réellement, ils espèrent mettre au monde un objet qui compte ; le phénomène est étrange : les hommes s’attendent à enfanter la grande valeur sans lui consacrer les efforts nécessaires. — Ils veulent les effets, le résultat, la récompense, mais sans en désirer les conditions, les causes, les moyens.
3
L’ennemi le plus dangereux. Quoi ! laisseras-tu donc la moindre chose pénétrer dans l’intérieur de ton cœur ? Observeras-tu, consterné, ses coups avancer jusqu’à l’os ? Assisteras-tu en la terrible stupeur au pillage jusqu’à l’horreur ? Et seras-tu, pauvre malheureux, témoin de la fuite, dans les mains étrangères, de ton bonheur ? En somme, permettras-tu, à ton humeur, à ta vigueur, à ta joie de vivre de s’en aller sans même réagir, sans rugir ! Ah ! comme les plus grandes âmes peuvent elles aussi subir les attaques des plus fameuses bagatelles, et par elles, aussi, périr !
4
Tenir. — Qu’est-ce qui te fait croire que cette souffrance, que cet échec appellera immédiatement un autre. Qui te dit même que ce que tu imagines être un échec l’est véritablement ? Donne-toi du temps, et dans la dense brume tu verras. Pour parvenir à ce but, renforce ton navire, afin qu’il puisse résister aux vagues, afin qu’il puisse tenir à la mer. Au milieu des courants, dans les tempêtes, parmi les lames et les larmes, ne cède pas, petite barque, vogue !… Lutte, rigole, lève la tête… Regarde au loin, ne bois pas à la grande tasse… Et éloigne-toi des voiles ténébreux de l’abysse, agrippe-toi à la rampe de l’escalier, accroche-toi de toutes tes forces à la moindre lueur d’espoir : saisis le bras — tiens à la vie !
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