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1
Le Quoi et le Pourquoi
L’aiguille vibre dans ton âme troublée.
Elle avance, implacable dans la constance,
Cependant que ta vie promptement recule : la fugitive !
Et durant ton voyage tu te demandes,
Ce que tout ceci peut bien vouloir dire :
Tu interroges le Quoi et le Pourquoi !
Et durant tout ton séjour, croissent en la goutte des secondes,
Toutes ces choses insoutenables, infinies, insondables :
Tes erreurs et tes errances,
Tes peurs, tes doutes,
Tes joies, tes peines,
Tes rires, tes pleurs,
Tes espoirs et tes désespoirs —
Ce point d’interrogation porté par ses instincts,
Cet être emporté par les vibrations,
Cette plante qui s’anime, oscille et tâche de se dresser.
2
Lame
Toi ! Sais-tu ce que tu es ?
Tu brilles, tu piques, tu tranches,
Mais ta nature, tu l’ignores encore !
Dans ton souhait de préserver les choses et les êtres,
Tu t’évertues à aplanir ta pointe,
À abîmer ton tranchant.
Mais en faisant cela, tu ne fais honneur
Ni aux choses, ni aux êtres, ni à ta nature !
Quand donc te rendras-tu à l’évidence ? —
Tu possèdes la destinée du fer ! —
C’est lame que tu es,
Lame que tu deviendras !
3
Normalité et anormalité. — Tu crois que l’évidence est un plat goûté et aimé par l’ensemble des consciences. Tu penses que tout ce qui exalte le monde, le fait trembler, l’ennuie, le révolte est présent à l’identique en chaque esprit. Mais, mon ami, ne vois-tu donc point combien de réalités sont inconnues du nombre, combien de vérités sont rejetées par les hommes ? L’énergie qui remplit ton cœur, les saveurs qui passionnent ton palais, l’exigence qui habite ta pensée, peux-tu encore songer que les mêmes existent chez tes « semblables » ? Le moment n’est-il pas venu de prendre conscience du raffinement, de la hauteur, de la noblesse, de la liberté — de tous ces vents qui soufflent dans tes veines et qui excitent tes voiles —, et de réaliser que tu ne les trouveras probablement pas, bien que tu t’obstines ordinairement à les y chercher, possédant la même intensité dans le sein de tes frères, de tes sœurs, de ton « prochain » ? Certes, il t’est possible de toujours espérer — le hasard dépose parfois sur les routes, des âmes véritablement proches, et des bras humides se rejoignent parfois dans la nature ; cependant aie constamment à l’esprit ceci, et la société dans laquelle tu es amené à respirer t’en sera profondément reconnaissante, et ta vie grandement facilitée. — Ta normalité, bien souvent, pour autrui, constitue et constituera le parfait exemple de ce qu’est l’« anormalité ». Ainsi, ne doute jamais de la présence de l’abîme, de la différence qui sépare les êtres, de la distance qui s’étire entre les prochains à moins que tu ne veuilles trébucher à coup sûr, t’illusionner à coup sûr, sombrer à coup sûr…
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