1. Musa.
Ô sublimes déesses, ô filles de Zeus et de Mnémosyne ! De grâce, n’abandonnez point vos sujets ; de grâce, secourez-les ! Du mont Hélicon, à l’égard de vos pauvres créatures ayez donc quelque pensée ; Uranie ! Clio ! Euterpe ! Thalie ! Melpomène ! Terpsichore ! Calliope ! Érato ! Polymnie !… : Sœurs immortelles, quand condescendrez-vous jusqu’à vouloir bien visiter ces âmes qui gémissent et s’éteignent ? et soufflerez-vous l’inspiration sur ces petites flammes au teint pâle comme la mort ; ces minuscules chandelles, dont les charmes au milieu de la tristesse se fanent, dont les rires languissent parmi la faiblesse, — dont les larmes même sont devenues… affreusement fades ?
2. L’art de se mourir.
Ô illustres âmes ! Comme votre œuvre déjà éternelle, sur les sentiers vers vos cœurs, dans le bois ténébreux égara la mort ! À peine le monde quitté, vous voilà de nouveau parmi nous ! fraîches comme une rose, fraîches comme le jour ! C’est que vous saviez quelle était la plus belle manière de vivre, et que celle-ci vous instruisit, lorsque l’heure funeste descendit, de l’art de se mourir, qui seul permet le grand départ, dans la sublimité des pensers et du style.
3. L’étranger.
Cet état de choses où tu te trouves,
Ne le considéreras-tu pas même un instant ;
Est-il seulement possible,
D’être si étranger parmi la connaissance, l’art et la nature,
D’être une étrangère en son propre pays ;
Est-il permis de survivre ainsi,
Au milieu des fariboles, des vétilles, des bêtes :
Au cœur des demi-hommes,
Éloigné des sentiers les plus purs,
Des monts les plus élevés —
Loin de tout ;
Tes racines ne te poussent-elles donc point
Aux actes dans la grandeur, —
À monter, à escalader, à goûter sans la peur
L’immense voûte claire ;
Et ton aile presque rognée,
À rejoindre l’éclair, à planer dans l’altier —
À éprouver au-dessus des humaines mers,
L’admirable éther ?!
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