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1
L’entonnoir
Tu, me dis-tu, façonnes un destin singulier.
L’examen, le devoir, ne vont point résister :
Ta soif de réussite est forte, brûlante,
Ton désir de pouvoir, sûrement, s’impatiente,
Ta Voix hurle et son or et les honneurs, la gloire.
Dans l’immense miroir, ruiné en l’entonnoir,
Parmi les illusions, doucement tu progresses :
Tout maintenant s’envole, et l’âme et la jeunesse.
2
Mouvement brownien. — La vie d’un homme est celle d’une minuscule larme, faisant l’expérience inouïe d’une chute tout à fait irrégulière, sous l’effet, quant à lui régulier, de la gravitation, du Temps. De l’extérieur, l’existence évoque l’histoire de cette plume qui, chancelante, tanguant au sein des vents, s’enfuit néanmoins verticalement en direction du sol ; mais à l’intérieur, l’âme est cette embarcation ballotée au milieu de la tempête, filant désespérément dans les tourments.
3
Les aqueducs et le jardin. — Âme esseulée, âme égarée, âme sombre, crois-tu encore aux promesses de la vie ? Crois-tu en la présence de ses eaux d’une richesse prodigieuse, qui circulent dans les aqueducs de ton cœur ? Je te prie en grâce de te rendre un service. — Ne méprise pas la substance informe, l’ébullition, le chaos qui grandit en toi, et cela, ne l’échange pas contre l’ordre, la sécurité, la norme extérieure — ne troque pas tes trésors contre des chimères, ne laisse pas l’extérieur envahir ton monde intérieur. L’arbre qui croît en toi, cet arbre de la liberté, cet arbre de vie, réclame le plus grand soin. Lui refuseras-tu ses possibilités, ses opportunités, ses développements futurs — lui accorderas-tu une chance ? Le jardin implore l’assistance de son Dieu, l’amour du jardinier. Ce présent, le plus essentiel, peut et doit être offert. — Le feras-tu ?
4
État de la question et état de choses. — Quel état permet d’être au plus proche de la vérité, de la réalité, de la vie ? — Je l’ignore. Mais, ce que je sais ? — On se satisfait, ordinairement, des interprétations, des erreurs, des jugements les plus effroyables. La surface des consciences, cet évier géant, n’est pas difficile sur la nourriture : le trou avale tout. À l’approche des eaux les plus sordides, du danger, du funeste les esprits ne gagnent pas le large !… Ils meurent de soif et, — ils courent à leur rencontre !
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