1. Macrostructure humaine.
En atteignant le sommet de la montagne, il eut le plus étonnant spectacle qu’il ait vu de sa vie. Un nid se composant d’étages et de galeries, logeant sa colonie : une fourmilière géante et grondante, la fourmilière aux têtes d’hommes ! Les insectes allaient et venaient, tels de sourds et inflexibles balanciers ; chaque individu disait pardon et merci dans une forme d’agitation, d’irréflexion… de non-sens frénétique et généralisé. Laissé quelque temps tout abasourdi par l’absurdité du panorama qui s’offrait à ses pieds, soudain, il lui vint un irrépressible désir, une timide envie qui avait prestement grandi : dans un fracas de tonnerre, heurter les villes, les villages, ces habitats douillets — la macrostructure humaine avec son grand soulier.
2. État d’indifférence.
« Ayez soin de ne pas vous égarer dans les activités insignifiantes », ajouta le jeune maître. — Pour quelle raison donc ? reprirent les enfants d’une voix tout innocente. — Le temps est le bien le plus précieux de l’homme, et si… » La plupart accueillirent ces paroles avec la plus profonde indifférence.
3. Palais meurtriers.
Au sein de ces existences souffrant un engorgement se développant par degrés, qui pourrait nier que le temps de loisir ne soit précisément ce sel accordé à chaque être, l’aliment miraculeux, la sorte de remède qu’il n’est justement plus permis de laisser filer des mains grossières ? Puisque les bras laborieux de ceci ont claire conscience, on les voit donc… : écouler les stocks d’heures comptées, devant les jeux, les spectacles télévisés les plus niais ! ou bien se détendre en pleine gueule — à l’intérieur de ces pages noires et blêmes sises sur les confins du grotesque ! « Mais le ridicule ne tue pas, et souvent soulage même, voire console tout à fait ! » protestent avec force les voix nombreuses. — Las ! elles l’ignorent, les malheureuses : les victimes de ces palais multiformes, de ces cavités ouvertes bien malades, funestes, et partout fort dissimulées, se comptent aujourd’hui par centaines, par centaines de mille, que dis-je ? par centaines de centaines de… — ne se comptent plus. Et bientôt ces mêmes voix, qui à l’instant s’élevaient avec ardeur… bientôt ces mêmes voix iront grossir les fleuves rapides des prochaines avalées.
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