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Sent-on l’odeur de la bassesse qui toujours plus s’élève et se répand ? Ressent-on cet air morbide, décadent, ce conquérant habile, l’ampleur et l’arrogance dans ses visées, la volatilité considérable de sa substance et l’expansion inouïe de son funeste parfum ? Perçoit-on sa gaieté, sa faim de puissance, son désir immodéré de communiquer sa force, sa vitalité, d’épancher sa nature, son essence, de générer la désolation et la misère ?
Il est des émanations pestilentielles qui prospèrent incognito : des particules obscures et toxiques, d’une extrême ténuité, impalpables, fatales ; des odeurs évoluant cachées dans la foule, d’une fusibilité remarquable — des étrangères trémoussant en plein air, libérant leur longue chevelure menaçante, toutes nues et invisibles dans la lumière !
Comment est-ce possible ? — Parce que les yeux ne voient pas ; les nez ne sentent pas ; les cerveaux ne saisissent pas… — les organes sont défaillants. Les « systèmes immunitaires » sont stupéfaits, estomaqués, paralysés dans la grande hébétude.
La nuit à soif, l’esprit se vide…
Ainsi donc les nations essuient leurs plus grosses pertes — pertes dont elles se rendent paradoxalement le moins compte. Ainsi donc les fuites de l’esprit se déversent, et cependant il s’assèche et ses terres se stérilisent : ses rêves et ses espoirs se tarissent au sein même de leur source, la terrible sécheresse verse ses larmes, et ses pleurs crépusculaires arrosent et nourrissent cette âme où déjà l’infertilité, l’obscurité et la poussière bourgeonnent.
Et pendant ce temps les corpuscules totalement dévêtus poursuivent leur danse… et les villes, enveloppées par ces relents qui tournent les têtes plates, ces maisons à toit lisse, subissent leurs profondes mutations, se transforment en véritables dépotoirs.
Ce qui fait le plus défaut à l’évolution de l’Homme, c’est un bon nez — c’est le flair.
C’est l’art de sentir — de bien sentir et de bien se sentir…
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