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Il y a de l’insolence, dans ces lois cruelles que l’on croit justes…
Une insolence rare, au sein de cette attitude méprisante, de cette posture insultante, de ce luxe qui enrichit les sociétés et appauvrit les esprits, de cet oubli des tristes délaissés, des sans-logis, des miséreux ; des miséreux vivant dans la faim, exilés des coeurs, au plus profond des poubelles, errant dans leur patrie désorientée et titubante : parmi cette humanité affairée, ces villes abandonnées, ces consciences vides, creuses, mortes – ces corps désertés, puants. – Une insolence, de la part de ces personnes inférieures, et qui osent se plaindre !
De l’insolence, dans ces pensées obsédantes : ces souvenirs, ces craintes frivoles, – ces futilités habitant même les maisons les plus hautes, aux toits les plus évasés, et troublant le calme, l’harmonie, la sérénité des lieux.
Une insolence exécrable, dans ce regard social qui méprise les « étrangers », la peau contenant « trop » de mélanine, l’« inversion », la « gent féminine »…
Une insolence inouïe des patrons envers leurs employés, des personnalités politiques envers les citoyens, des grandes sociétés mutinationales envers les peuples, de l’Homme envers la planète, de l’humain envers l’humanité.
Ressent-on cet air, ce gaz, ces bourrasques d’insolence qui giflent et les visages et les âmes, qui exaspèrent, désespèrent, qui sourient et traitent les êtres avec une audace insupportable ? A-t-on conscience de ce vent se levant et crachant son injure à la face de l’indignation, à la face de la timidité des fronts se redressant ? Songe-t-on à l’offense faite à l’honneur, à l’horreur faite à la défense ?
Les grands pieds s’essuient, piétinent les humbles têtes. À cette horreur sans nom, à ces abus manifestes, à cette arrogance extravagante, à ces soufflets donnés simultanément à la raison, à la justice vraie et à la dignité… à cette bêtise démesurée, les « petits » – ces immenses âmes ! ces géants ! –, opposent des digues, une égide, des forces et des lames autres, des troupes nouvelles : la hauteur du respect, la force de la retenue, la puissance des valeurs… la foudre de leur valeur.
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