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Le lit. Ces existences humaines sont peuplées de tant de solitudes. Il est cette solitude dans ce que l’on sent, une solitude dans ce que l’on fait, cette solitude dans ce que l’on pense : solitude multiple au sein des êtres, et solitude des êtres au sein du monde… Il en découle que, parmi le grand désert, chaque minuscule attention des personnes qui comptent, est une vaste étendue d’eau qui roule vers le fond de l’insondable lit des âmes asséchées.
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L’Important et l’Indifférence. Qu’est-ce qui est essentiel ? Quelle est la nature même de cet étrange animal ? L’a-t-on en un temps quelconque bien vu ? Et combien de choses devront encore subir le jugement hâté ? Combien de fois l’individu posera-t-il derechef les gros souliers de sa décision sur des têtes inconnues, en des lieux et sur des éléments étrangers ? Toujours, on tranche ; et, toujours, la main se meut dans l’insolente aisance – l’assurée ! –, sans jamais rencontrer l’Hésitation ! sans jamais se poser la question du doute ! Les pieds massifs, aveugles et éperdus écrasent constamment les boutons qui éclosent et les sublimes parterres, les terres grandioses et les magnifiques insectes. Les sols, les matériaux, les minéraux, toutes ces « substances » intérieures et extérieures indispensables, le sel de la terre, le sel de l’existence, l’Important lui-même est piétiné. Mais que t’importe tout ceci, homo credulus grossier, toi, la bête, qui ignore les différences, qui honore, – qui encense ton idole : la belle Indifférence ?!
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Déraison. Qu’est-ce qui distingue un homme sage d’un homme appartenant au type de la « bête sauvage » ? – Même dans ses songes les plus obscurs et les plus licencieux, le premier n’envisage pas les pensées, les sentiments et les actions du second : ceux-ci occupent des contrées inconnues de son esprit. La plus grande déraison incontrôlée et imaginaire de l’esprit « éveillé » ne surpasse en aucun temps, ou alors il s’agit d’un accident fort rare, la folie ordinaire des humains « endormis ». Pourtant c’est la bête qui se dit : « Ceux-là sont dans la lourde méprise, qui fuient ma bonne parole » !…
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