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1
La nappe d’or
L’océan des délices déjà se prépare,
À recevoir ses invités inédits, ces âmes neuves,
Ces seigneurs des mers, ces palais éduqués,
Hissant des voiles fraîches, naviguant comme jamais,
Vers les augustes tables, les plats altiers,
Vers les royaumes fins, les sphères tout autrement raffinées —
La nappe d’or est mise ; elle attend ses convives…
2
Le silence du géant
A-t-on déjà ouï un arbre émergent
Se demander où aller et par quels moyens ?
C’est silencieusement, et sereinement,
Qu’il exprime sa sève, qu’il libère sa nature,
Qu’il escalade les degrés invisibles, les obstacles, les montagnes,
Qu’il se dresse sur la pointe des pieds —
Qu’il parcourt les espaces et envahit le futur.
3
L’Exil rieur
Regardez !
Ce bonobo, perdu au milieu des chimpanzés,
Cet artiste, ignoré de la multitude,
Cette plume, noyée dans la mer noire,
Cette petite fille, égarée dans la cour de récréation
Cet homme, exilé parmi le cortège funèbre,
Ce canard, envoyé à tous les diables,
Car les voilà ! saisis par le grand Rire, libérés !
Qui sur les pleurs, les souffrances, les ennuis, dansent désormais !
L’absurdité du monde, à leurs yeux humides s’est montrée ;
Et avec elle, la main dans la main maintenant,
Ils badinent pour jamais !
4
L’onde moutonneuse
N’aplanirez-vous point cette onde moutonneuse
Qui en vos consciences fait fuir la bienheureuse ?
À cet enfant joyeux offrirez-vous les soins
À sa santé cruciaux, à son humeur adjoints ?
Ou le laisserez-vous tout avaler, périr :
L’ensemble du poison le happer, l’engloutir ;
Dans ces propres larmes, mourir des propres lames ?
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