Le véritable progrès demande avec insistance comme une chose nécessaire le réveil et la mise en œuvre des prodigieuses potentialités créatives gisant en l’humain – la découverte de ces grands trésors enfouis au cœur même des sociétés.
Toutefois, cette créativité, à l’instar de tout processus complexe, est génératrice d’entropie et de néguentropie : elle est, elle-même, simultanément, remède et poison.
Pour qui considère la nature ambivalente de chaque information naissante l’urgence de la situation devient manifeste : l’obligation impérieuse de prodiguer des « soins » constants et bien soignés au malade, au progrès, apparaît dans toute son évidence. Il s’agit de purifier les cultures – mais les contributions doivent au préalable pouvoir se développer dans l’esprit des créateurs, s’accomplir en eux et être mises au monde –, d’extraire leurs éléments les plus toxiques a posteriori – de laver le progrès, de le débarrasser de ses scories : ces nouveautés déraisonnables, infectées, morbides.
Il me semble que ce n’est que par une approche thérapeutique de la créativité et du progrès qu’une évolution de l’humanité plus physiologique, plus saine, et donc plus viable et favorable peut émerger.
À cette fin, notre monde souffrant réclame des « médecins » de la culture, et non pas ces Hippocrates modernes, mais ces soignants doués éminemment de raison, ces thérapeutes nobles, consciencieux : ces bâtisseurs de valeurs nouvelles, de savoirs inédits, de connaissances reliées et reliant, de pensées synthétiques, holistiques, bénéfiques – ces éducateurs-guérisseurs.
Et c’est maintenant que les actions sont requises : celles de purifier les acquis (le patrimoine collectif des nations), l’époque et le développement humain de leurs scories, maintenant, que le traitement doit être apporté aux civilisations, – si l’Homme de souhaite pas, à son propre sujet, devoir se poser la question de l’acharnement thérapeutique…
Le monde a cruellement besoin d’individus capables d’avoir une pensée pour cette planète bien mal-en-point, et encore davantage d’êtres en mesure de les panser (cette pensée et cette planète), convenablement…
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