Photo © iStockphoto.com / Tofotografie
Quel phénomène curieux que cette danse des liquides au sein des êtres !
Qu’elle est bien surprenante cette humeur qui monte, descend, s’arrête, décolle, se pose ou tourbillonne !
Cette humeur qui soulève les coeurs, ballotte les volontés sans relâche, transporte les âmes vers les hauteurs, ou bien vers les crevasses.
Cette humeur qui parfois lézarde les murs des caractères et y injecte sa substance la plus sombre, d’autres fois colmate leurs brèches avec sa matière la plus noble, ses rayons les plus doux.
Cette humeur qui accompagne les exploits et les honneurs, la médiocrité et la bassesse.
Cette humeur dirigeant vers la connaissance, menant à la folie ou emportant vers le « surplace » : humeur-aiguillon ou humeur-clou.
Cette humeur qui fait entrevoir les plus grandes beautés et les plus profondes obscurités.
Oui, toi, étrangeté !
Tu éprouves la lassitude, le découragement, la peine… l’excitation, l’espérance, la joie.
Tu favorises les rencontres, les liens, la saine émulation ; tu répands la solitude, les absences, le néant.
Tu irrites, tu agites, tu suscites les sensations euphoriques.
Tu invites à la tranquillité, au calme, à la sérénité de l’âme… tu fomentes les pires troubles, les plus intenses désordres, les plus formidables excès. Tu pousses l’être à évoluer, la conscience à se connaître ; tu altères la limpidité des esprits, tu perturbes le sentiment d’identité.
Tu peux être pathologique, très ou « trop » saine.
On veut te glorifier, te négliger, te guérir, sans même savoir te définir, te saisir.
On ignore et ta couleur et ta forme : elles échappent à la plupart.
Tantôt ton nom est gai, tantôt il est triste.
Tantôt il évoque telle chose, tantôt telle autre.
Mais d’aucuns t’ont aperçue, et reconnue : Humeur flottante, fluctuante, cyclique !…
Tu es… multicolore !… Tu es… circulaire !
Quoi qu’il en soit, si l’individu tient véritablement à sa façade, à ses fondations, à sa structure, qu’il prenne garde ! à ces tremblements de terre qui se produisent sans prévenir, à l’ampleur des fentes de l’édifice, à la force des fêlures, à l’importance des déchirures… Qu’il se soucie davantage de ses soucis, de son humeur, de sa vie !… Qu’il considère davantage l’état de la demeure, l’état de son empire !…
Laisser un commentaire