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Les âmes, ayant oublié le mépris et ne s’emportant plus contre la norme sclérosante, diluante, contre la routine et la passivité nocives, abêtissantes, sont emportées par les larges eaux lugubres du conformisme au sein desquelles elles finissent par s’y mélanger et s’y noyer. On peut apercevoir par-ci par-là, surnageantes, des personnalités énergiques, des êtres différents réunissant des propriétés autres, des traits de caractère atypiques : des esprits non miscibles, des gouttes d’huile rétives qui refusent de se mêler aux flots décadents — des affranchis qui proclament haut et fort que vraiment ils ne boiront pas de cette eau ! En effet, ces êtres ont pris claire et précise conscience de ce liquide qui assèche, de ces courants troubles et flous qui ne remplissent pas : ils vident et appauvrissent, au lieu de donner et d’enrichir ; ils répandent la platitude et les pleurs, au lieu d’apporter la plénitude et le bonheur. Et cette découverte, ces esprits insolubles — ces âmes qui savent que la clé du problème n’est justement pas la mise en solution ! — osent la clamer : ils ne craignent pas le déversement de ce type de rumeurs. Ils se disent à eux même : « Des oreilles sont peut-être en train de se remplir !… » ; ou encore : « Il se peut que les facultés de critique soient en “cours de noyade” ! » ; ou même : « Il est possible que certains ne soient pas au courant ! »… Comment reconnaît-on ces sauveteurs et ces sauveteuses qui se sauvent eux-même et qui ensuite sauvent, extirpent la conscience du fond du puits où elle est tombée ? — Ce sont les seuls qui lèvent la tête et qui tendent véritablement la main. Ce sont les seules « menottes » qui s’agitent sereinement, librement et utilement ; les seules qui dépassent l’étendue, le plan de la norme — les seuls qui nagent et qui ne sont pas dans les mêmes eaux… Les mains uniques vraiment compatissantes et secourables !…
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