1. Les choses de l’esprit.
C’est à table que certains esprits se sentent le plus à l’aise et le plus heureux. Ils ont développé leur goût et, dans cet espace, animés par le désir de la découverte, par l’enthousiasme et la curiosité, les fins gourmets flottent, comme des enfants radieux, dans la mer des délices. Ayant éduqué leur faim, ils savent qu’il est tant de splendeurs à explorer, de saveurs à conquérir, de textures à caresser. En ces lieux, ils ne doutent que les promesses sont tenues ; leurs regards distinguent toutes ces merveilles qui dans le calme les attendent ; leur palais à la vue de pareilles invitées à l’avance est flatté — Et, à cette heure, ils sont fins prêts… — à les savourer !
2. Pauvres cabèches.
La confusion exerce le pouvoir souverain au cœur des consciences des peuples. Pour s’en débarrasser les hôtes, tels des pilotes suicidaires, s’attachent à la télévision, à leur siège, « perdent » leur temps dans la surface aguichante des ordinateurs, s’adonnent au jeu ainsi qu’à la substance, s’enfoncent dans l’habitude, la routine, les comportements addictifs, les pensées et les actions destructrices, fixent leur demeure à intérieur des odieuses contrées (celles des règles sociales bien trop souvent d’une rigidité et d’un ridicule hideux), accueillent dans leur cabèche toutes sortes de données inutiles ; bref, invitent à une sinistre fête la superficialité, l’inanité et la dépendance. Et je dis : Dépendance, car en effet, le produit est nuisible à la santé, et l’ingestion répétée a donné naissance à un besoin tyrannique…
3. À l’abri des chaînes et des ordres.
L’esprit libre de travailler au milieu d’une indépendance complète, se promenant dans la sphère de l’abstraction, se repaissant d’indicibles vertiges, de sa vaste licence — dans les hauts jardins des idées grimpantes, sur les terres de l’abstrait… Il n’en faut point davantage à certains pour qu’à l’abri des chaînes et des ordres ils rencontrent le ravissement.
4. Formation, achevée.
Les voilà qui quittent les classes les « titres » dans les poches. Leur formation est terminée ; après toutes ces années de travail acharné ils vont désormais pouvoir laisser se reposer leur mémoire, leur intelligence, leur créativité… — c’est ce qui se dit. — Et moi qui croyait que la vie était cet endroit même où devait constamment s’exercer un effort de l’esprit !
Photo © iStockphoto.com / ChrisGorgio
Laisser un commentaire