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Que sont-elles devenues ? où sont-elles passées ? ces âmes hardies, ces audacieuses exploratrices, ces peuples navigateurs quittant les terres « sûres », fuyant les basses eaux tièdes du conformisme, le nid douillet de la routine, le rivage du connu, osant se lancer dans les zones glaciales, défiant les mers inconnues, les affrontant, — les fendant ? Où se cachent ces consciences assoiffées de vastes étendues, de destinations mystérieuses, ces êtres ailés qui déroulent les cartes anciennes pliées dans les arcanes de leur psyché, ces individus rares poussés par des vents puissants, amenés par les fortes rafales de l’intuition, propulsés par des voiles respirant amplement, par des poumons différents : des voiles qui ne se laissent pas tirer par le souffle de l’avenir en traînant les pieds, mais qui au contraire redressent leur tête, se jettent dans leur devenir, qui voguent et évoluent avec le souffle ? Quand vous lèverez-vous, ô esprits qui êtes faits pour « sauter » dans l’inconnu, pour planer au-dessus des abysses ?! Les plus courageux hésitent encore — ils attendent… Les autres n’entrevoient ni ne ressentent la question. Mais qu’attendent-ils au juste ? et jusqu’à quand ?! Ne leur a-t-on pas dit la grande nouvelle ? que la clepsydre fuyait et qu’avec le temps, bien plus grand était le risque d’ « échouement », d’abîmer leur existence — de s’y abîmer ? Tant d’inanités sont communiquées ; tant de choses essentielles sont tues — et il est des silences fatals… C’est ainsi que l’on peut voir sur les rivages et au fond des fosses, ces flots de visages inertes, ces âmes à moitié vidées — navires totalement avalés ; tout à fait échoués. Ainsi se déroule, se déploie le sinistre spectacle des âmes sombres…
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