1. Le souffle de l’invention.
Un nombre élevé de têtes particulièrement fécondes cultivent des états de conscience bien singuliers. L’esprit hautement créatif, fréquemment monomaniaque, crée en lui-même une sorte de champ de gravité, un vortex aspirant une quantité monstrueuse de matières susceptibles d’abriter des liens cachés ou apparents, des similitudes, des analogies en rapport avec le centre d’intérêt : le « centre de rotation ». La masse du tourbillon augmente, sa végétation s’épanouit, son monde abrite des populations nombreuses, diverses, renouvelées et toujours davantage ; de plus en plus fréquentes se font les collisions, les explosions, les combinaisons, au sein de ce système qui s’enrichit, se complexifie, au coeur de cette base de données vivantes en perpétuel mouvement. — Tout est propice. Alors le souffle de l’invention se renforce, développe ses ailes et s’élève : car celle-ci n’est de nature rien, rien que le choc, le conflit, la rencontre… l’agitation, l’opposition, l’entente — et émergence !
2. Le ressort.
Un individu dont la conscience est aux prises avec les forces, les influences, les champs extérieurs est tel ce ressort que l’on étire dans tous les sens malgré lui. Certes ses propriétés l’en rendent capable, mais à quel prix ! Je ne préciserai pas, ici, combien, dans une constance absurde, sa forme spontanée subit les « lois » extérieures de l’altération. Jour à jour et dans le mensonge son âme éprouve une pression négative, une formidable tension. Comment l’infortunée pourrait-elle, dans ces conditions, ne point avoir une vive conscience du négatif grouillant en vers aveugles dans ses émotions, ses sentiments, à l’intérieur de toutes ses pensées ?!
3. De la réduction du paquet d’onde.
Tu vogues dans la vie, les voiles de la curiosité élégamment et triomphalement déployées. Tu aperçois toutes les routes possibles ; elles t’observent, affolent tes sens, te transmettent leur ivresse. Mais, oh ! malheur ! tu te souviens alors seulement que tu n’es pas une particule ! Le réel te rappelle soudainement que vivre, c’est choisir, et qu’il te faut, maintenant, effectuer une forme de « réduction du paquet d’onde », — que par la « mesure » de ta volonté, par la puissance d’une décision, tu dois orienter les probabilités, agiter les potentialités, et mettre au monde ta réalité propre !
4. Le tournis.
Le monde ressemble étrangement à une prairie fabuleuse, où l’encéphale des ruminants aurait reçu naguère la funeste visite des larves malicieuses. Et nous les voyons saisis par les vertiges convulsifs, et tracer avec leurs pattes de curieux ronds : les figures circulaires de la folie. Le troupeau égaré tourne, tourne, tourne… danse à ne plus finir, répand ses pas difformes, son allure morbide, ses traces éphémères ; la trépidation, la cadence, les vibrations infernales semblent couler dans chaque recoins de chaque veine. On est même forcé de détourner régulièrement la vue de dessus ces sinistres objets, sous peine de permettre à l’image elle-même de nous donner le tournis, sous peine de lui donner les moyens de nous faire chavirer — sous peine de vie !
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