1. Le présent déployé.
Et à l’intérieur de l’instant d’un profond soupir, des mondes, au loin, se sont laissé pressentir, ont éclos, puis regagner la longue nuit ; mais, tandis que l’humain baigne à l’intérieur de dimensions presque infinies, sa trop faible perception l’abandonne, seul dans l’ici, encerclé par des possibilités, des puissances, d’hostiles horizons bien étroits, par le sentiment de sa propre limitation, de la finitude, en outre en pleine conscience de tout ceci et ligoté dans ses moyens. Voilà comment entre son passé et son futur, parmi le vaste océan des évènements, il ressent, d’une manière toute paradoxale, les parois étouffantes de ses sens : ces derniers étant, pareils à sa condition, comparables à ses désirs sans bornes, à sa conscience où veulent se déverser les violents vents de l’expansion, complètement insuffisants. Là se tient une Scène quasi perpétuelle : un humain se débat comme un espadon-voilier au bout de la ligne, comme un aigle impérial que l’on tient — un possédé entre le néant existant et le présent persistant. En conséquence, combien devant elle les dieux étaient, sont et seront surpris, amusés, fort désopilés même, on se le figurera sans peine.
2. S’en croire beaucoup.
La décadence dans les considérations au sujet des choses de l’esprit a cela de bénéfique qu’elle incite certaines personnalités à chercher et trouver ce qui réside en elles-mêmes de meilleur. Et il ne faut s’étonner du faible nombre de ces argonautes éthérés. Car il en est de la belle culture et du goût comme de la grâce naturelle dans les cœurs ; rien n’est plus improbable que d’en être doué, plus difficile que de s’en procurer, — et plus ordinaire qu’en sa puissance propre ou son mérite posséder une confiance exagérée.
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