En vue de lutter contre le désordre, les esprits recourent principalement à deux moyens : l’un exploite les préjugés de toutes sortes, les systèmes de pensée ne fléchissant pas, les mœurs gelées ; l’autre fait le pari que tout est mouvement, mutations, évolution. Le premier, anti-physiologique, contre-nature, prétendant à vaincre par les cadres hermétiques, les frontières toutes fermées, les liens illusoires et donc dérisoires, évolue au sein d’une régression certaine vers le passé. Le second accepte les propriétés et la valeur du changement et, y reconnaissant ce qu’il y a de meilleur, essaye de danser à l’intérieur. Bref, d’aucuns misent sur l’agitation, le progrès, le réel — la physique, la vie ; d’autres sur l’immuable, le songe, l’involution — l’irrationnel, la mort. Certes on pourra objecter, et avec raison, que les mouvements brusques de l’écorce culturelle sont aussi redoutables que certaines secousses telluriennes, mais faut-il pour autant se soumettre entièrement à la volonté des antiques traditions, aux ordres de la peur, à tout ce qu’il plaira à l’extrême organisation ? En un mot : doit-on, afin de faire durer la vie — l’entraver à ce point ?
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