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Le Grave ou l’insoutenable Légèreté des cœurs

Le Grave ou l’insoutenable Légèreté des cœurs

13 mai 2016 par Vincent PAYET

Photo © iStockphoto.com / dimapf

 

Notre époque voit ses consciences ignorer l’attitude sage, prudente et digne. Tant de paroles sont lancées, sans réflexions qui les portent, de mots sont posés sur le papier et sur la toile, sans forme ni consistance, d’idées sont colportées, sans véritable examen, sans qu’y soit présent le moindre questionnement, le moindre doute — le ciel actuel de la culture est piqué des cerfs-volants fous, lesquels tantôt s’agitent, tantôt s’écrasent. Tout s’accélère, et veut s’accélérer toujours davantage ; le pouls du monde se déchaîne, le pauvre sang, désoxygéné, se débat comme un forcené, contre la noyade  : l’aorte effarée, observe impuissante la misère envahir les organismes. La matière, la pensée et le style grave ne sont plus considérés et, par voie de conséquence, sont négligés, — car n’étant plus suffisamment rentables. On se moque des choses importantes, profondes, tandis qu’on s’intéresse au frivole, au superficiel ; on a oublié et le bien rire et la mine grave : on ne sait plus distinguer par la valeur les choses, j’entends par là qu’on ne sait plus « placer l’accent » sur ce qui compte véritablement. « Nous devons, comme l’écrit Rilke, nous mettre du côté du grave […] qu’une chose soit grave doit être pour nous une raison de plus de la faire1. » Ainsi, au sein du tumulte, une voix devrait se lever : « Qu’est-ce que le grave ?! Et où réside-t-il ? » — mais, qui se pose ces questions ? Les lamentations des peuples étouffent dans l’aigu, mais quelle âme écoute encore ? Aujourd’hui, le Grave ne fait pas le « poids » face à la massive Insouciance, face à l’épaisse Futilité : le temps est par trop lourd et les hauteurs foncées et encombrées, pour que les hommes puissent apercevoir ses doux rayons. Les plaintes, accompagnant l’ère nouvelle, montent en nuée dansante au-dessus des têtes, et cependant la dignité, quant à elle, possède une densité encore trop faible, pour être en mesure de descendre avec assurance et de reposer, telle une fière colonne de marbre, sur le tréfonds des cœurs.

 

  1. Rainer Maria Rilke, Lettres à un jeune poète (Librairie Générale Française, 1989), 70.

Classé sous :Journal

À propos Vincent PAYET

Fondateur de EspritetLiberté. Auteur des textes du site.

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