Efforce-toi, esprit toujours jeune, de trouver ce qui n’est pas ordinaire sous l’ordinaire, de suivre la route tracée par tes inclinations. Sois donc attentif aux charmants motifs, habitant, souvent à ton insu, la composition de ton existence. Dans le bois enchanté ne passe pas à côté, sans daigner les remarquer, des chants des oiseaux, du bruissement des arbres, des babillements de ta nature. Car tout ceci, tu ne l’ignores point, de près ou de loin, ressortit au charme, à la grandeur, à la valeur de ta vie. Ainsi, à la suite de cette brève exposition cesse de t’enquérir auprès de moi des raisons de mon état : je ne suis sans éprouver une certaine gêne devant une vue telle, devant la scène où continuellement l’âme s’égare, et rien n’est davantage compréhensible ; quant à toi, feindre l’ignorance, c’est une possibilité qui t’est ôtée… Ah ! si tu ne souhaites pas soutenir ton âme, au moins ne la trahis pas ! Et voici une confidence. L’animal-artiste, l’Homme, qui peint avec des actes, plante son chevalet, non pas devant, mais en son propre cœur : de là, il a une excellente vue sur son être, et il devient à même de rendre vivement avec sa tête le joyeux motif qui l’entoure. Le buste de sa Raison reste bien droit et cependant ses pieds s’abreuvent à la source, boivent son sang, s’imbibent de substance vitale très calmement. Et le reste n’est que conséquences naturelles, simple nécessité qui lentement s’opère — émergente valse du duo « motif rationnel/motif affectif ». — De là, il éprouve le sentiment très net que cette manière de concevoir l’action, si intense et si surprenante soit-elle, peut lui permettre de mieux sentir ce qu’il est, et ce qu’il doit et devra se faire. Mais je parle sans fin, encore, et encore ! mes yeux et ma conscience me forcent à m’attarder dans ces considérations ! — À quoi bon ?!… Finalement, en quoi tout cela me regarderait-il ?
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