S’éloigner de l’intime connaissance de ses forces et de ses faiblesses, de là sont dérivés tant d’égarements du cœur et de l’esprit, de là tant de pertes. Ne faut-il pas être une manière d’insensé pour s’imaginer Valery, prodiguant au piano la plus charmante des compositions musicales, ou Debussy, produisant de merveilleuses combinaisons échiquéennes, ou encore Carlsen, traitant de l’heureuse union du son et du sens en poésie… ? N’est-il point manifeste qu’il est essentiel de remonter à la source d’où viennent de telles erreurs, c’est-à-dire indispensable de comprendre qu’un cours d’eau a été détourné, de se mieux connaître, de s’absorber en ses propres aptitudes ? de glisser en ses profondes inclinations… de se tendre promptement mais sereinement, tel un enfant qui du fond de son obscure retraite invite soi-même à sa propre fête, — vers la douce clarté de ce rivage continuellement fuyant — vers le soi illuminé ?
Photo © iStockphoto.com / bennyb
Laisser un commentaire