1. Le clinquant.
Qu’observe-t-on, pressent-on, partout, à longueur de journée ? à la radio, à l’intérieur des téléviseurs, dans les journaux, et jusque dans les ouvrages se voulant des plus aimables et sérieux ? Du voyant, du ni profond ni essentiel — du clinquant ! Le comble de tout ceci ? Il faudrait, à entendre la majorité, se satisfaire de ce qui s’étale là devant nos yeux, et se vite consoler comme l’on peut ! Et cependant l’évidence est immense : soit on est véritablement atteint d’une cécité totale ou parmi toutes ces choses semblant plaire on n’en peut trouver… qui ne nous désespèrent.
2. Charme irrésistible.
Comprendre et le soi et le monde, l’affaire est d’une certaine importance. Ce qui l’est encore davantage ? Croire qu’elle constitue la plus fascinante des matières, se dire, sans que l’on s’en rende compte, que la valeur de ce jeu, de ce parfum, de ce travail justifie notre existence.
3. De l’ennui.
Mais quelle est donc cette énergie fabuleuse qui anime le plus grand nombre des hommes ? Car l’individu sensé, quand à lui, s’il ne navigue que dans la tourbe ne peut s’empêcher de mourir — de mourir d’envie de dormir.
4. Outre-tombe.
Il est des âmes qui se repaissent de travaux d’horticulture singuliers, ô combien ! Et, lorsque l’heure est venue de récolter les fruits de leurs réflexions, de leurs attentes, de leurs désirs désespérés, elles se retrouvent les mains bien vides… — il n’y a plus de plantes, de pensées, de membres ! pour un motif évident. Sous les vastes ponts, les majestueuses voûtes du Temps, les arches du Soupir tant d’eaux ont coulé ; il ne reste rien, — que les espoirs passés, ces choses oubliées, ces entités tout à fait décharnées.
5. Des plumes dénaturées.
Comme certaines plumes sont belles ! L’écriture semble aisément respirer, tendre patiemment vers le pur — le talent est comme sûr, s’imagine-t-on. Soudain on s’aperçoit qu’une idée fixe est en train de les dévorer ! qu’une doctrine saugrenue les possède ! qu’elles s’agitent à l’intérieur d’austères camisoles de force imaginaires ! Leur esprit a tissé une toile invisible, et, sans le savoir, dans ses propres liens d’acier s’est fait prendre ! En les approchant on peut encore déceler quelques beautés ; mais, gare ! tu te laisses déjà par trop troubler, ta raison se perd, leur folie t’égare ! — D’autres, plus sages, se tenant à distance du danger, attendent avidement la suite de l’histoire : celle des premières victimes et des passants bien curieux…
Photo © iStockphoto.com / Skathi
Laisser un commentaire