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Il est cette rigidité mentale, ce conditionnement, cet automatisme aveugle qui transparaissent dans des circonstances particulières : lorsque l’esprit qui regarde devient un observateur attentif et clairvoyant.
Voyez ce professionnel de la santé, ou cette serveuse, ou… — tous ces êtres qui parfois, trop souvent, incarnent non pas la gaieté de savoir, d’aider, la joie de vivre, mais le type de la pensée automatique.
Il se dirige vers sa prochaine patiente, elle, vers le nouveau client ; le compte à rebours est déclenché. Le regard est concentré, l’itinéraire précisément tracé, la démarche hâtée, uniforme, cyclique et la poignée de main, quand elle existe, rapide, molle, « distribuée », — glaciale. Il y règne, au sein de leur allure, une précision d’horlogerie, une loi mécanique implacable engendrée, encadrée et maintenue par une conscience qui n’a plus le temps de s’interrompre, à qui il n’est plus permis de se poser, de respirer, de prendre conscience. Ici la réflexion est haletante, comme privée de ce temps qui propose un espace de liberté pour « gambader », rêver, créer. Au lieu de cela, ce sont des pas durs et encadrés qui « raisonnent » sur le sol, des pas éminemment à l’opposé de cette cadence, de ce mouvement aérien, souple et enjoué : insaisissable comme l’air, libre à sa manière. — Démarche de défilé réglée et inesthétique d’un côté ; enchaînement de ballerine émancipée, artistique de l’autre. Avec quel sentiment d’inquiétante étrangeté on découvre et examine ces individus faisant l’expérience d’une paix absurde dans le rythme constant et insensé des années qui filent !
Toujours est-il qu’il est des moments où, la vision étant rouillée et brouillée par l’habitude et le voile des apparences, les yeux rendus aveugles, c’est le son, chez certains esprits, qui dévoile le mécanisme, — le monde dissimulé, la réalité sous-jacente.
Ainsi donc, il y a des sons porteurs de sens, et qui révèlent là où la vue faiblit. Mais encore faut-il avoir les organes délicats et déployés, un esprit qui perçoit… Encore faut-il s’appliquer à observer la nature et le comportement des êtres et à ne pas assister aux événements à la manière de l’âme distraite, à moitié consciente, presque indifférente qui se réjouit devant un spectacle des plus médiocres. À bon entendeur salut…
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