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Lorsque le corps est sollicité de telle sorte que ses muscles ne fonctionnent pas en accord avec leur disposition et leurs propriétés, lorsque l’organisation de leur insertion, leurs particularités histologiques, leur distribution, et toute cette anatomie descriptive, tout cet ensemble s’anime d’une façon incohérente et selon des modalités opposées à leur physiologie, les conditions sont peu à peu réunies pour qu’au fil du temp apparaissent inévitablement les dysfonctionnements.
De même, quand les individus négligent pendant des années, voire des décennies, leurs passions, leurs inclinations et leurs aptitudes, en somme, leur spécificité, leur unicité, ils sollicitent le plus souvent à leur insu leurs énergies psychiques à travers les « obstacles », ils usent de procédés viciés, corrompus, « tarés » : leur esprit respire et s’agite, croît et se déploie d’une manière contraire à sa nature ; il se développe et s’épanouit en empruntant un chemin inverse, une véritable voie anti-physiologique.
Nombreuses sont les personnes qui s’échinent et supportent une activité qu’elles n’ont jamais souhaitée, qui subissent une fonction, un emploi et un emploi du temps, une « distribution » de leur vie, qu’elles méprisent. Elles se sont laissées séduire par le chant des sirènes et n’ont pas respecté leur petite voix intérieure. C’est physiquement et moralement qu’elles se trahissent jour après jour, goutte après goutte en cette clepsydre invisible qui, sans les prévenir et en silence, se vide en pleurant.
Et que l’on parle d’os, d’articulations, d’organes, de corps, d’anatomie descriptive ou fonctionnelle, de physiologie, ou bien d’idiosyncrasie, de traits caractéristiques et de singularités mentales, le constat, j’entends le diagnostic, est le même. Ignorant, négligeant, bravant leur complexion, leur santé tiendra un temps certain… elle s’adaptera et résistera un certain temps… et cela aussi sûrement qu’elle finira par s’amyotrophier complètement, par aboutir à la cachexie. — Une âme « articulée » qui vit et évolue, un « mouvement » en expansion qui néglige ses fondements, sa biomécanique, fait inévitablement l’expérience d’une dysharmonie interne, laquelle se manifeste par une silhouette clopinante, c’est-à-dire par un déséquilibre extérieur fonçant droit vers un effondrement global.
Le mouvement épuré, fluide, beau embrasse l’hétérogénéité structurelle, épouse les changements de rythmes et de courses, mais il implique toujours le respect de certaines lois — on peut danser avec le chaos mais on ne badine pas avec certains principes. — La physique sait être douce et rieuse mais également sèche et impérieuse.
Car la Nature ne tolère les écarts qu’un instant. Et il arrive un moment où les symptômes finissent par révéler les natures et dévoiler la trahison. Dès lors, les sirènes d’alarme se mettent à hurler ; les coupables transparaissent. Il sera encore possible de se reprendre, mais sans tarder… — comme un pas transpirant et courant droit vers le sol peut se « rétablir » et se propulser, un coeur ayant même beaucoup saigné est capable de rebondir et de prospérer.
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