La nature n’a-t-elle donc qu’une valeur monétaire, qu’une valeur marchande ? N’est-elle qu’un capital ordinaire ?
Se pourrait-il que l’on croie encore que les progrès de la technique constituent et constitueront éternellement les remèdes aux innombrables maux infligés aux écosystèmes naturels souffrants… maltraités, affligés ? un « médicament » suffisant pour la guérir de cette démesure et de cette folie régnant au sein de l’économie industrielle, au sein de l’ambition et de l’irréflexion humaines ?
Est-il concevable qu’on méprise le futur à ce point-là ? qu’on puisse poursuivre l’immense gaspillage des ressources, contribuer continuellement au gaspillage de cet avenir ?
Pendant ce temps, l’industrie publicitaire assène des coups de massue sur les yeux et déplace ses pions sur son terrain de jeu favori, sur le vaste échiquier planétaire. Et, faut-il le préciser, cette plate-forme n’est pas faite uniquement de pierres, de sable, de terre, d’eau… : elle est aussi composée de cellules, de tissus, de neurones… Le « terrain » est apprêté, et, sur lui, les pièces d’artillerie sont disposées. N’entend-on pas toutes ces paroles qui fusent avec violence de toutes parts, tous ces obus crachés par ces bouches à feu endiablées ? Ne voit-on pas toutes ces consciences affolées, perdues, affoulées ? tous ces pieds aveuglés ainsi que toutes ces folles idéologies s’agiter dans tous les sens ? Est-il possible que l’inconscience coure les rues, mais que personne ne s’en aperçoive ?
Mais tandis que les projectiles touchent leurs cibles, les crânes s’enfoncent dans le vide, le raisonnement se cabosse, l’esprit et le sol se fissurent en hurlant : la liberté, l’intelligence et la nature sont parallèlement massacrées.
« Les principaux architectes du système » (Smith), les lugubres marionnettistes, au-dessus du globe, par-dessus les lois, le bien commun, le bon sens, jettent leurs ombres, actionnent leurs longues ficelles… Mais, savent-ils qu’à force de lancer la grosse boule avec dédain et véhémence, leurs vastes mains, aussi « hautes » soient-elles, finiront par être emportées par le funeste élan, par le sinistre mouvement ?
Au vrai, il est aisé de se rendre compte qu’ils disposent de toutes ces informations. Mais il y a loin de l’information superficielle à la compréhension profonde, et non pas un fossé, mais un abîme ! une Terre ! une foule !
Et j’oubliais : les appâts sont par trop puissants ! le pouvoir et l’argent tellement charmants !
Ah ! quelles drôles de créatures que ces maîtres du monde incapables de vivre sous leurs propres lois, – incapables d’être leur propre maître ! Qu’ils sont curieux ces êtres qui prétendent gouverner, qui sèment tant de désirs hâtés, et, qui ne « récolteront » que des soupirs… derniers !
Laisser un commentaire