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Lorsque le défaut de bon sens, abondant et impétueux, emplit les poumons à ras bord, jusqu’à la gueule, de son extrême variété, l’individu sain tousse par réflexe : l’organisme intègre, désireux de sauver l’esprit, ordonne que les voies respiratoires soient libérées, que des conditions nouvelles permettent à un air plus pur et plus libre de circuler.
Il est un phénomène curieux : l’individu inattentif va ordinairement prendre les êtres les plus sains pour les plus souffrants ; on a pitié d’eux alors même que ce sont les premiers à cracher au visage de la Décadence ! – On s’en éloigne, on les fuit, comme s’ils étaient véritablement contagieux, comme s’ils véhiculaient chacun des bactéries inédites et fatales capables d’infecter et d’anéantir les fuyards.
De la même manière, on prend les livres les plus plats, les plus lisses, les plus aseptisés pour les plus salubres, les plus profitables. Lit-on encore les claviers qui suent, qui saignent, — qui rejettent, projettent ? Considère-t-on encore la pensée étonnante, la parole qui détonne ? cette pensée nettoyant la réalité de ses scories humains, cette parole prodiguant ses vérités, expulsant l’insalubrité, – cette pensée qui détone ?
Et si celle-ci est presque invisible, n’est-ce pas le signe que la société n’est pas aussi malade qu’elle le devrait ?!
C’est, semble-t-il, au coeur même des poumons de cette Humanité que l’on a « désappris » le réflexe, que l’on ne sait plus se battre et tousser… – Ainsi, négligeant la toilette bronchique et méprisant ses vertus, c’est au visage de la santé que l’on crache, et c’est la face de l’esprit que l’on souille.
Compagnons les plus malades, vous-mêmes les moins tarés : faites du bruit ! désencombrez-vous !
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