1
La jarre. — La vie ? Une jarre froide, qui nous attend. Un vide dont nous ne savons que faire. Un curieux objet, pourtant si ordinaire, à propos duquel, sans cesse nous nous demandons : « Mais quel est donc ce matériau qui permettra de te combler ? »
2
La pensée emprisonnée. — Quand défendra-t-on véritablement la liberté d’expression1 ? Car, est-il nécessaire de l’évoquer, il se trouve à son égard, aujourd’hui, dans les nombreux pays, une immense intolérance. La pensée formatée, docile, « respectueuse », celle qui ne s’arrête jamais de soutenir la société bien-pensante, se mutile elle-même : elle agresse, elle dénature, elle défigure sa propre identité, sa propre essence, sa liberté intrinsèque. « Tenez bien votre langue, déviants ! » déclarent les normes, les lois, les chaînes. « Oh ! ne vous inquiétez pas ! vous pouvez toujours dire ceci, et cela ; de plus, voici ce que l’on vous permet de penser : … »…
3
Toc, toc. — Ils lisent les journaux, les magazines, suivent les informations télévisées ; cependant lorsque l’on gratte les diverses couches de vernis, lorsque l’on sonde les profondeurs du vulgaire, on n’y découvre : personne.
4
Pitoyables satellites. — Des astres illégitimes, et, de pitoyables corps en orbite : assurément, la gravitation, au sein de cette « culture », est un phénomène des plus étonnants.
5
L’élastique. — La substance de la liberté ? Celle d’un élastique. Plus on l’étire, plus on prend conscience des limitations…
6
Résonances parasites. — Afin de pouvoir expérimenter sa vie il faudrait éprouver son existence à l’extrémité des plus profondes mines, sous la protection des hautes montagnes, c’est-à-dire minimiser le bruit des hommes, autant que faire se peut. Là, il serait possible d’être en sa présence ; ici, on serait en mesure de faire se rencontrer les oreilles et la voix — sans les phénomènes parasites.
7
Boîte noire. — L’individu adhère à certaines visions des choses ; celles-ci sont tels des cadres qu’il dessine à l’intérieur de son esprit, et dans lesquels sont amassés toutes sortes d’objets. Un grand nombre de personnes y entassent même le maximum… Mais, comme en physique, « mettre tout ça dans une seule boîte n’en fait pas, j’en ai peur, une théorie unifiée2 » ! — « Peu importe ! » semblent dire les braves et besogneuses fourmis, qui continuent, sans faiblir, à rassembler, empiler, — mélanger…
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Cf. la note de lecture de Robert Kopp, concernant l’ouvrage Les Bûchers de la liberté d’Anastasia Colosimo, « Notes de lecture », Revue des deux mondes, juin 2016.
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S. Hawking et L. Mlodinow.
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