1
Naissance de la nouveauté. — Les changements profonds, significatifs, requièrent une discontinuité, une transformation brusque, une mutation au sein même de la structure de la conception. Ce n’est que dans ces circonstances que la soudaine « révolution » peut avoir lieu, que l’individualité devient capable de s’échapper du sillon prononcé de l’habituel, qu’il y a émergence, création, liberté exprimée : qu’enfin quelque chose de nouveau apparaît. Parfois, un événement tout à fait accidentel favorise le « bond » ; d’autres fois, la responsable est l’intention : la volonté agissante. — La nouveauté implique « des sauts quantiques dans la molécule » (E. Schrödinger) du penser, une métamorphose dans l’interprétation des choses, un phénomène en rupture avec le continuel et le connu.
2
Considérations actuelles. — Il est urgent de s’intéresser aux idées les plus créatives ; celles-ci constituant un substrat, d’une importance souveraine, sur lequel la sélection naturelle est en mesure d’opérer, par suppression des délétères et préservation des favorables. Mais, aujourd’hui, on se passionne bien davantage pour l’innovation que pour l’« évolution » bénéfique. Comme à l’ordinaire, la prééminence de la vision à court terme domine celle de la durée : l’actuel méprise le durable, l’inactuel. — Mais pour combien de temps encore ?…
3
Voies créatrices. — Tu dis de cet auteur qu’il change constamment de sujet, qu’il se produit dans son esprit un va-et-vient continuel, que l’Instabilité même habite son être : tu blâmes son inconstance. — Mais il combine, il mélange, il croise, les races, les variétés, les différences : il est devenu maître dans le domaine de l’« hybridation » (A. Koestler) ! Il assemble, il fabrique, il chante… il compose — sa voix, son chant, sa musique… ne l’entends-tu donc pas ?
4
La patience des siècles. — Il faudra bien un beau jour se résoudre à injecter du mouvement dans les cerveaux immobiles, à rassembler tous les fous sur une même nef, et les faire partir pour un voyage à bord d’un Beagle reconstruit pour l’événement. En outre, la « traversée » devra durer le temps nécessaire afin que sous le poids des faits la résistance cède — afin que des esprits évolutionnistes se forment. Attendons donc… Darwin ne publia son œuvre que deux décennies après le terme de son périple. En ce qui concerne l’humanité, nous devrons être tout autrement patients : plus d’un siècle n’étant pas suffisant pour susciter dans les têtes la prise de conscience de l’un des aspects les plus importants de la nature de la réalité, faisons preuve de tolérance, laissons-lui sa chance… un siècle supplémentaire ! Car, n’oublions point qu’avec le temps tout finit par arriver, même les évolutions les plus improbables ; et, si la réussite totale n’est pas souvent au rendez-vous, les petites victoires suffisent parfois à apporter leurs lots de satisfaction : en témoigne l’équipe de France de football !
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