« Voudriez-vous m’informer de l’état actuel de l’enseignement ? demanda le vif garçon au vieil homme à la harpe ? — Un des problèmes considérables de l’éducation réside dans la tâche qu’elle se propose, répondit-il. L’école et la famille ne s’évertuent point à élever les esprits, mais à former de bons « élèves » — comparables aux jeunes animaux dociles chez les éleveurs, à ces jeunes plantes naïves dont la croissance est parfaitement contrôlée ; à accentuer les individualités, mais à favoriser la ressemblance ; à développer l’être, mais à créer des masses conformes, des consciences admirablement adaptées, des pièces tout à fait utiles. Si l’on voulait simplement encourager la vertu, les talents printaniers, en somme, le développement des personnalités, et si celles-ci étaient alimentées essentiellement en ce qu’il y a d’excellent dans les pensées des plus grands hommes, — lesquels furent et sont invariablement les plus libres, les plus hérétiques, les plus extra ordinaires, — on serait en droit d’espérer que le meilleur soit à venir, car il y aurait encore de merveilleuses aurores à poindre… » Un orage survint, interrompant les paroles, et le garçon, apeuré, se mit à l’abri. Ces réflexions laissèrent l’oeil de la Jeunesse, dans les minutes qui suivirent, tout songeur — complètement stupéfait.
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