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Des êtres qui envahissent la planète par milliards ; des ordinateurs qui emmagasinent toutes les traces ; des industries qui explosent ; une évolution qui s’émancipe de la biologie, croît et croit participer au « bien » de l’espèce humaine ; des consciences assiégées par la douce illusion du sentiment de sécurité, par la doxa, par les évaluations ordinaires des choses, par les limitations arbitraires, – réduites en esclavage, en poudre, en cendres, en poussière : quelle scène étonnante, amusante, détonante ! Quels caprices ! quel coup de bélier ! quels coups du sort !
Dans le grand théâtre, à la surface du globe comme des têtes, les individus, prétendant parfois fuir la Sottise et la Destinée, s’éloignent en ligne droite, telles des fusées alarmées, dans la direction opposée ; mais, la forme des sphères et des âmes étant ce qu’elle est et les deux ennemies demeurant fermes dans une immobilité et une patience parfaites, aussitôt partis, ils les voient, de l’autre côté, – en face ! fondre sur eux la dague haute !
Contre la folie des hommes, contre ses remparts et ses fossés sans limites, « les Dieux eux-mêmes1 », s’échinent, perdent la foi, désespèrent, faillent… forcés de contaster que, cette déraison humaine, sur l’échelle des infinis, occupe un degré qui les dépassent : une marche, un niveau, un échelon – supérieur.
Mal leur en a pris, en vérité, de se penser « au-dessus », de se considérer avant l’heure comme du plus terrible des maux les plus illustres vainqueurs : la redoutable citadelle résiste et le fera toujours – elle est incroyable, elle est formidable, elle est… imprenable.
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Dans Les Dieux eux-mêmes, Isaac Asimov cite Schiller :
“Contre la stupidité, les Dieux eux-mêmes luttent en vain.” Cf. Isaac Asimov, Les Dieux eux-mêmes (Éditions Denoël, 2002, 1972), 107.
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