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L’homme vit en la Terre, il aspire son air, se désaltère à ses sources, ingère ses fruits.
Il ne sait ni ne peut vivre sans elle, et pourtant il n’en fait aucun cas : il la maltraite, il l’épuise, et l’immole peu à peu à son ambition… à sa sottise… à son aveuglement.
Mais le malheureux ignore que sa fierté, sa technique, sa soif de puissance bien-aimée, dans leur élévation, provoquant la chute du monde, par leurs tourbillons l’emportent avec eux.
Une patrie telle que cette terre, cette île, cet asile flottant dans l’éther, accueillant tous ses fous, ne méritait-elle pas qu’on la considérât davantage, qu’on la chérît, qu’on fût pénétré de reconnaissance pour toutes ses attentions, pour ses innombrables bienfaits, pour toutes ses bontés – qu’on l’aimât ? – S’il faut en croire les apparences, non.
En elle, les consciences croissent, en elle, elles périront, et cette fois, non pas sous les coups des mains invisibles et sinistres, mais par ses siennes propres – insensibles, aveugles, meutrières, prévisibles.
La victime paraît résignée, mais comment pourrait-on condamner son attitude lorsque partout des hordes sanguinaires déferlent : des vagues, des lames, un bataillon d’âmes éperdues, inconscientes, insensées, prêtes à tout mettre à feu et à sang, – à tout sacrifier sur l’autel du confort, des plaisirs, des jouissances grossières et folles ?
Les cruelles créatures se multiplient rapidement, ses industries se développent, sa volonté se déchaîne : cette planète réchauffe un serpent dans son sein ; un serpent qui ignore et sa nature bien trop souvent pernicieuse et son funeste sort – un serpent qui se comporte comme si, de son sinistre ressort, on n’avait jamais daigné l’avertir, le prévenir.
Or en gâtant son milieu, sa nourriture, son atmosphère, ce sont ces propres entrailles que la bête vénimeuse pique, son propre être qu’avec ses crochets elle éviscère.
L’esprit des hommes sait-il que des souffrances de son jardin avec lui il soupire ? Le sait-il ? Vraiment ?
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