1
Friandise multicolore
2
Intériorité et Instantané. — Il y a une manière de beauté naturelle qui émane du poète ; une chaleur, une énergie… une douceur, un charme, un parfum… une sincérité peignant simplement, mais superbement, les mouvements, le trouble comme la clarté, les scènes successives de son intériorité : une série de poèmes voyant le jour sans préparation du sujet, au sein d’une exposition brève et bonne, et donnant l’impression d’une succession d’instantanés, d’un tableau riche de possibilités, d’un espace empli d’ondes et de rythmes variés, et répandant l’image de même que la sensation d’un fleuve enflé, d’un coeur débordant de secrète allégresse, de vie intérieure, d’intensité. — Comme offert un soir parmi l’improbable instant : le sentiment de la vue ou, pour mieux dire, de la vision inédite et discrète du dépouillé, de l’auguste et heureuse sobriété, de l’intimité même.
3
Point d’entrée décisif. — Parmi le règne végétal, l’endroit où le tube pollinique pénètre dans le gamète femelle détermine habituellement la pointe de la première racine ; parmi le règne animal, l’espace où le spermatozoïde s’introduit dans le gamète femelle annonce la localisation de la tête. Dans un cas analogue, pour ce qui concerne l’esprit à un moment décisif du développement de la personnalité, la zone d’entrée de certaines matières, c’est-à-dire de ces influences façonnant et gravant dans les cranes, avec célérité, une certaine manière de penser et d’agir, fait connaître ordinairement l’essentiel des caractéristiques de la future structure : elle fixe les contraintes et les tendances, donne les probabilités… indique la substance, la topologie, la direction… la nature, la conformation et la course — elle dessine, dans les yeux de ceux qui savent en percevoir les signes évidents, l’origine, l’évolution et la destination vraisemblables d’à peu près toute psychè en devenir.
4
Se concentrer
5
Nature bien morte des compositions. — Il en est de certains récits comme de tout tableau à la maîtrise fort hésitante ; les mots, les chapitres ou les vers semblent, pour ainsi dire, contraints de se rassembler et de se prendre la main, de séjourner à l’intérieur d’un cadre artificiel, cependant que l’imagination sous-jacente ne possède pas la force d’une base affermie et sereine, cependant que les lignes directrices, que le plan, que l’indispensable vision est absente. Aussi l’ensemble ne sait-il produire cette sensation d’harmonie, former ce sentiment d’unité qui signe le chef-d’oeuvre. L’atmosphère se trouve entièrement gâchée, les fruits exquis, et promis, sont brutalement ôtés, la composition est manquée — par la raison que les personnages, que les regards en présence ne font que s’ignorer, n’ayant dans la conception jamais été réunis, n’ayant au préalable jamais été heureusement « vus » ensemble, autour d’une même table.
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