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Du Verbe et du Ballet !
Écriture mainte fois pesée,
Pensées et Textes tout maîtrisés,
Qui fuyez la quantité, étreignant la densité :
Où donc trouver vos terres habitées ?
Lignes fines, Courbures élégantes,
Modeste Assemblée, si précieuse, si choisie,
Songe-t-on assez — à votre valeur ?
Croit-on encore — à vos caractères supérieurs ?
Devenir vos rivales,
C’est le désir des Bibliothèques sans nombre !
De sorte qu’en leurs ouvrages, ô blêmes pages !
Elles s’évertuent pour rassembler les objets rayonnants.
Parmi cet espace si restreint,
Se croire à même d’attirer,
Et les lettres d’or, et les syllabes en diamant,
Et les idées irrépressibles, et les vérités étourdissantes…
Porter en l’extrême pâleur,
Ces choses qu’elles ne sont en mesure de dénombrer,
Soulever l’insoutenable, abriter l’inestimable :
Sont-elles folles !
Et cependant certaines pupilles au loin pétillent,
Les vastes, les paisibles âmes toujours scintillent ;
Sur la toile d’une poignée de consciences,
L’auguste matière continue de prospérer…
Cependant, sur ces voûtes illuminées,
Les Syllabes, les Exclamations, les Interrogations,
Le Verbe altier, imperturbable, dans les chaudrons ardents —
Poursuit, infatigable, son plus prodigieux ballet.
2
Jours et nuits d’une voyageuse
Toupie lumineuse,
Charmante patineuse,
Astre ondoyant,
Phare tournoyant !
Déjà tes forces te quittent
Et ton cœur ralentit
Et ta sphère rétrécit ;
À peine naissante : tout vacille !
Bientôt dans le noir,
Berceau le plus pur,
Repos aveugle,
Honnête et digne Tombeau…
Bientôt épuisée, toute consumée… :
Une lueur tremble à présent,
Dernier mouvement de cette danse —
— Ultime souffle d’une éternelle voyageuse.
Photo © iStockphoto.com / meyrass
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