1. De la Farandole.
Il n’y a point de chose qui ignore le mouvement. Chaque élément se meut entre 0 et 299 792 km/s, ces deux barrières étant infranchissables : cette limite-là en raison du principe d’incertitude ; cette limite-ci à cause de l’énergie infinie imposée. La vie se développe dans le déplacement — elle est vibration, agitation, fluctuation. On se représente ordinairement la mort comme une absence totale d’actions, de réactions, de changements de position, d’évolution, comme l’extrême rigidité. Mais, d’une certaine façon, puisque rien n’est immobile, rien ne s’affaiblit et ne s’éteint véritablement ; le repos éternel est un sommeil bien agité. Tout est : marche, circulation, modification de valeur, d’intensité, variation ; corps, cortège nuptial, cortège funèbre, cortège dansant !… farandole cosmique ! Ainsi opère cet air mystérieux, entraînant, tout-puissant. Ainsi gouverne et voyage en tout lieu la nature, l’Absentia… l’absence de l’absence.
2. Des neutrinos.
Certaines particules élémentaires, dont l’esprit accueille des étendues semblables aux galaxies, afin d’éviter le nivellement de leurs capacités créatives, de fuir comme elles peuvent le « Grand Attracteur », de préserver leur singularité se retirent dans l’isolement, réduisent l’interaction des phénomènes internes et extérieurs, s’éloignent de la passivité, de la rigidité des idées et des comportements du milieu, se mettent à l’abri de l’absurde conformisme. C’est que les délicieuses créatures veulent ressentir l’exaltation de l’esprit et du corps ! l’accélération vertigineuse ! l’inspiration, l’ivresse dionysiaques ! À cette fin, elles savent que le ralentissement est proscrit : l’alternative n’est pas ; elles doivent, au sein d’une inflexible constance, continuer ce qui a été commencé, poursuivre leur course… se comporter d’une manière appropriée — se comporter en neutrinos !
Photo © iStockphoto.com / ChristinLola
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