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Esprit et Liberté

Un espace et un temps pour les esprits libres

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Journal

Écocide

29 novembre 2017 par Vincent PAYET

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1. Écocide.

L’humain concocte un poison, il n’y eut jamais de plus odieux ; et, dans ses négligences, sans même épargner ses rejetons.

 

2. Montures illuminées.

Nous marchons, jambes véloces, sur nos courages entiers, et, ce mors dans nos aptitudes à l’invention, cette étrange machine qui blesse notre bouche, malgré les ruses et les perfidies, déjà nous le rompons sans crainte et sans lenteur. — Sur les terres baroques, nous chevauchons d’incertitude en incertitude, les yeux puisant toujours dans les immuables rayons ; nous gambadons la nuit, comme en plein jour, ainsi que sur des montures ivres et lumineuses.

 

3. Insensibles figures.

Amènes enfants, ne voyez-vous point que sous les masques de vos idoles des esprits impitoyables se jouent de vous ? — Quelles preuves bien convaincantes vous donnerons les présages et les traits de ces insensibles figures ?

 

4. Surin salutaire.

Face aux preuves, les idéologies enchevêtrées se débandent ; face à la nature des choses, leur indiscipline se lâche. Ho ! réfrénons-les toujours par des axiomes, fatiguons-les par des axiomes, amollissons-les par des axiomes ! Nous apprêtons le surin pour ces bobines déréglées ; une longue coupure dans ces enveloppements si noueux de la raison.

 

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Ökologie mentale

15 novembre 2017 par Vincent PAYET

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1. Ökologie mentale.

    Pour prévenir les égarements de notre attention, le seul remède, c’est de contrôler notre énergie cérébrale et d’orienter ses débordements en des cours avantageux. Ô concentration appuyée sur une robustesse de sables ! ô loisirs mortifères ! ô écrans, pièges en soie, ondulations perfides ! que ne laissez-vous les heures à vos tristes proies ? que ne permettez-vous qu’en des espaces plus libres elles se dérobent à l’astuce ? La modernité souffle ses indifférences, et les esprits au milieu des séductions et des craintes seront agenouillés et convenablement recouverts. Enseignez-vous à voir, enseignez-vous à sentir, et découvrez ces conditionnements adjoints à vos formes d’être. Percevez l’écologie mentale, les stimulations déréglées, l’économie des ressources individuelles : et jugez si les alarmes et les bains suffisent en ces extravagantes dissipations, en cette suroccupation nerveuse, en cette hallucination bêtifiante et convulsive.

 

 

 

2. Coquilles dans la spirale.

    Les consciences évoluent telle une coquille d’escargot : sous les tourbillons, elle ramasse la vie ; elles sont pleines à l’aube et sèches la nuit.

 

 

 

 

3. Des pilules pour nos jeunes.

    Gardez-vous, jeunes enfants, des conseils trop adultes ; ces cachets s’avancent, les rudes mains écartent votre bouche, vos paupières se rapprochent, votre feu chancelle hautement. Un principe coule de nerf en nerf et gagne les recoins. Et la pilule, bien trop efficace, ne se montre au grand jour ; non, le crime travaille par degré, c’est peu à peu qu’elle les séduit. Qu’on les angoisse, qu’on les éveille, qu’on les rallume ! Mais que disons-nous ? Les petits coeurs flottent dans les effets d’insouciance, et ignorent tous ces biens mortifères qu’on leur destine par des affections si pures.

 

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Persistance de la vanité

7 novembre 2017 par Vincent PAYET

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1. Persistance de la vanité.

    Dévotieux se trompant de réel, savants éblouis par leur propres moyens, bohème confondue dans les toiles subjectives… créances véreuses, failles méthodologiques, référentiels absurdes ; l’humain consiste dans un plaisant ou cruel tour, un inexplicable transport, une pseudo-science taquine et roublarde dont le rire se distend ! Et une chose, particulière à son astuce, le fait sans doute durer « par-delà » ses paisibles et sauvages riverains, les bêtes communes : une joliesse, une démarche, une persistance généreuse de ses vanités insignes.

 

2. Persécuteur et proie.

    Il faut atteindre non pas les dignités, mais le bâton de la folie, lequel, en passant, les taraude et les font aveugles à leur propre lumière. Cet empire détestable, s’opposant aux voluptés de l’instruction, voilà le persécuteur, et voilà notre proie.

 

3. Saintes morsures.

    Gagnons la source des crimes et des injures perpétrés sur l’animal. « Voyez les machines », dit l’un ; « admirez la figure divine en l’homme », ajoute le second. Si l’on abhorre et ouvre les chairs innocentes, notre orgueil détient la raison ; si le barbare heurte ces dignités voisines et les fractionne, l’image surnaturelle l’innocente et le cache. Mais ne condamnons pas les enfants, la jeunesse de leurs réflexions emporte leurs doigts noueux ; ne méprisons pas nos frères, l’insouciance si pure de leur « âme » et leur dédain pour l’origine des espèces embrase leur fougue et décident leurs morsures. Dans les rayons immobiles, on s’exalte, on se balance, et l’on se saisit de son pain et de son vin ; et l’on croit ses réjouissances offertes sans abus ni cruauté. Juste ciel ! rien ne surpasse la honte que nous donne ces apprêts de beuveries ; et rien ne nous console davantage que les brusques offenses, que les coups de bâton amenés à tous ces credo fallacieux et perfides.

 

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Phusiognômonia

24 octobre 2017 par Vincent PAYET

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1. Phusiognômonia et haute justice.

    Si la main d’une justice environnementale descendait de l’azur, empruntant les marches de son haut palais, non seulement elle ôterait les condamnables, mais encore leurs groupes à venir. Et pour ceux qui ignorent la façon de les bien distinguer, voici la bête sauvage, l’infirme, voici les marques de son inconscience impure, de son hérédité vicieuse : nez tordu vers le haut, regards obliques, oreilles sourdes, mâchoires cruelles, front tatoué de berlines gourmandes, suffisance des joues ; une figure approchant du type criminel… le plus commun.

 

2. De plaies et de larmes.

    Nul besoin d’une conversation trop étendue, voyez seulement la manière où vous vous obstinez. Pour que cesse l’émiettement de vos allures et de vos démarches, et vaincre le méli-mélo de l’attention, ne vous reste-il pas, consciences atomisées, qu’un soin toujours vigilant, qu’un empire continuel sur vos forces abattues ? Serrez, serrez donc hautement les jours appliqués sur vos mains, dans l’angoisse si juste qu’ils ne s’échappent avant l’heure. Que par vos propres entretiens une rieuse fortune vous soit accordée ; que ces rêveries naissantes, que ces méditations heureuses vous acquièrent un dessein nouvellement établi ; et que cet objet allume vos ressources à le chercher et le poursuivre ! L’absence de but fournit assez lorsqu’il s’agit de perdre une nature de choix, et peut à elle seule tourner la chance d’une vie en une occasion quotidienne d’alarmes et de plaintes. Une joie se distribue à ces révoltes si inébranlables contre un certain affinement des voluptés creuses et provisoires ; voilà pourquoi vous devez atteindre votre condition et vous y amenez d’un bien plus auguste principe. À cause de cela, méditez dès ce degré les raisons que l’on invente pour s’unir plus longuement au désordre ; agissez, afin que vos capricieuses versatilités peu à peu se laissent conduire et que vos moments de confusion se fassent ordonner. Les quiétudes de l’humain sont des partages égaux : ne réduisez pas leurs silences, ne les murer pas dans le fracas du monde, loin des onguents infaillibles, au cœur de ces royaumes de plaies et de larmes.

 

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Âmes de boue

19 octobre 2017 par Vincent PAYET

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Âmes de boue.

    L’oracle nous peignit une abominable extrémité par cette comparaison : « Observez, dit-il, cette créature dans le marécage, que le bourbier surprend et dévore ; ce lac de ténèbres engloutit ses membres, sa surprise et son effroi : il aspire à tout retrancher, jusqu’à la plus minime dépouille. La torture de l’enlisement débute en pleine lenteur : les funèbres abîmes et leurs monstres se distinguent dans le supplice. Puis la bourbe escalade son jouet vers la gueule. La vie lutte contre l’ascension de la mort et le terrible glissement ; toutefois ses travaux semblent bien dérisoires, puisqu’elle fuit, malgré elle, vers de lentes allées sombres. Déjà les nues cheminent en vaporeux cortège au-dessus du crâne, lourdes et solennelles. Ho ! quelles profondeurs affamées, quel tourbillon assassin, quelle boue insoutenable ! Quel odieux enterrement, pour une semblable ingénuité ! La sépulture s’anime et se rompt, et elle s’écarte sur le vivant ; la noirceur s’élève, la noirceur gagne le tronc, la noirceur chatouille la gorge ; chaque recoin, chaque seconde se fait criminelle, se fait sourde et barbare ; aux derniers moments, seule la face préserve son intégrité : en stupeur, comme cette lune dans les enveloppements de la nuit. Seulement, ha ! rude contraction ! le haut-le-cœur prolonge sa dyspnée macabre ; le sort choisit le dantesque ! La bouche hurle, la vase la comble : absence. Les yeux soupirent après le jour, la froideur les clôt : pénombre. La tourbière éteint et s’approprie le corps. À l’extérieur, on ne voit plus qu’une solitude, informe et opaque, mais, au-dedans, on s’insurge toujours, soulèvement désespéré de l’instinct. La conscience de la bête éprouve ses ultimes frissons, et ses plis filandreux roulent parmi les ténèbres, avec la discrétion d’un murmure qui se relâche, avec l’aspect d’une malheureuse éclipse : — ainsi les psychès, ces barques en déroute absorbées par les plaisirs, les faiblesses, le néant, par les convictions, l’humeur grave, le délire, — par l’erreur flasque, patiente, et mortelle. »

 

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Hardiesses corrompues

29 septembre 2017 par Vincent PAYET

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1. Hardiesses corrompues.

« Enfin, dira-t-on, ils surmontent leur zèle par la preuve ; ils indiquent à leurs opposants sa supériorité. Enfin le Mensonge dépose son arrogance et sa charge : la vigueur, la malice, l’apparence, ses traits s’abîment. » Que vos doigts engraissent les bûchers salvateurs ! que sous les peaux la braise dansante morde ses familiers ! pour rendre toutes veules ces hardiesses brûlantes, et, grâce à leurs bouches, leurs cœurs purifiés, affranchir l’Histoire de ses macules vaines et fixées.

 
 
 
 
 

2. Greffe juteuse.

On ouvre un tronc, pour y poser le rameau. Dans quelle faiblesse le convive se maintient ; parmi quelles embûches il s’avance ! Mais bientôt l’union se resserre et efface la plaie, et le Caractère en douleur s’enthousiasme à la vue de ses beaux fruits. « Accueillez les pousses mentales, excitez les habitudes printanières, semble dire cette image ; pressez-les vers la hauteur, et par des efforts assidus ! Enfin, donnez-vous une solide patience : car quelle destinée ne s’ouvre pas à des courages si fertiles et si pleins ?

 
 
 
 
 

3. Pure aliénation.

On se figure aisément quelque type avec les oreilles, les yeux, le pied, le cœur même d’un autre ; mais je ne puis imaginer un corps habillant une parole étrangère. Le moi s’origine et se dilate en l’esprit, il s’y fait chair, il s’y fait sang ; et l’on ne conçoit pas bien comme, en ce cerveau, le monstre se regarderait justement tel qu’il sait être.

 
 
 
 
 

4. Les initiés.

A : Qu’est-ce qu’un expert ? vitement ? — B : C’est ce Savoir si modique, mais où le vulgaire voit une idole. — A : Bien vu, pardieu ! — C : Ce garçon a la parole heureusement fécondée, en partie. Emplissons bien la boîte de notre récipiendaire !

 

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Probes ouvertures

19 septembre 2017 par Vincent PAYET

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1. Probes ouvertures.

Le propos n’est pas moins lourd de conséquences que bien établi. L’homme de recherche doit l’honnêteté à son milieu mais d’abord à soi-même, et il ne se satisfait point en des cercles si réduits ; après un médiocre départ, il forme des ouvertures pour le peuple. Ces organes qui prétendent l’inverse, combien ils marchent peu dans cette voie scientifique, combien leurs élans comme leurs desseins s’écartent de la physiologie saine ; qu’ils ignorent le monde, et les trouvailles toujours superbes ! qu’ils méprisent tout ensemble leur capacité d’invention et ses naturelles et délicieuses joies ! Ô infortune de ces arrogances si maigres dans les preuves ! Et, ô vous les rares ! mais aussi fragiles dans leurs publications que le reste travaille à s’en prémunir !

 
 
 
 
 

2. Par l’esprit et par le cœur.

Nous ne gagnons la vérité par l’esprit, encore moins par le cœur. Leur fierté pose sur des images du temps, de l’espace, de chiffres, mais elle ne sait concevoir que ses impressions appuient sur des rêves très nébuleux. Et voilà comment des audaces veulent exiger pour toutes leurs créances individuelles un empire et une gloire universelle. Les principes ne se rangent dans cette classe d’objets en laquelle on croit si bien sentir. Après cela, que l’on cherche ce que peut donner la Religion par sentiment du cœur.

 
 
 
 
 

3. Les enfants de Zarathoustra.

Étonnez vos farouches vigilances, et déployez la surface de vos zèles ! que les protecteurs de la logique s’aiguillonnent dans l’étendue de vos alarmes, pour vaincre en une seule bataille tant de fermes obstinations. Entreprenez dans les villes et les campagnes, multipliez-y vos soins ; et qu’on découvrent les cachettes de l’assaillant des libres opinions. Nous les volontés superbes, les enfants de Zarathoustra, nous sommes ces jambes radieuses par-delà le Bien et le Mal ; et quelle que soit l’aigreur, quelle que soit la rudesse, quel que soit le venin épandu sur la couche de notre géniteur, combien nos soupirs enflent, parmi nos ballades, pour ce dégoût si ordinaire à l’égard d’un Exemple si sain.

 
 
 
 
 

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