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Esprit et Liberté

Un espace et un temps pour les esprits libres

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Journal

Égalité du vouloir

15 février 2018 par Vincent PAYET

1. Égalité du vouloir.

    Cette égalité du vouloir effraye le commun, parce qu’il ne s’y mêle plus à ses inconstances, à ses fantaisies larges et ondulées, à ses vagues capiteuses où il tourbillonne sans fin. Ô conscience incurieuse, jusqu’où mèneras-tu la dérive, sans te résoudre à l’action profitable ? Que deviennent tes beaux aujourd’huis, tes vivaces demains, tes hiers grandioses, lorsque tu renvoies l’essentiel à un autre temps, avec tes lundis froids, tes jeudis moroses, tes dimanches plus vieux ? Combien les occasions manquent toujours, combien les conclusions ne viennent pas, quand tu nourris tes inconséquences, et que la verdeur même tombe en remise chaque matin ! On a beau vous reprendre de vos illusions, vous montrer vos propres abîmes, la faiblesse continue de vous astreindre aux travaux indésirables, et vous vous y enfoncez encore et encore. Endurez donc que nous vous fassions dommage en vos pratiques, vous qui n’offrez la noyade qu’à vous-mêmes. — Ha ! jugez un peu comme ils aiment à se perdre par le vain, comme ils passent indifférents à des saisons si printanières et si fructueuses.

 

 

 

 

 

2. Ingratitude publique.

    Nous chantons la gloire des éminents hommes parce qu’ils nous ont tous les jours portés en eux, dans leurs méditations et dans leur sommeil, dans leurs causeries et dans leur refuge, dans le privé et dans le publique, dans les honneurs et dans l’opprobre, dans leur confusion et dans leur harmonie, dans leurs triomphes et dans leurs disgrâces, dans leurs étonnements et dans leurs stérilité, dans leurs productions et dans leur crépuscule. Ils vivaient comme s’ils n’eussent découvert ni de forces, ni de légitimité, ni de bonheur que pour le progrès véritable des esprits ; ainsi comment réagirions-nous d’une autre sorte ? Combien une telle vie tranche auprès de l’ordinaire, combien une telle conduite leur fait honneur ! Ô témoignages si pauvres de la reconnaissance commune ! tous vos oubliés sont pourtant si dignes que vous leur dressiez maints autels. Ils ont toujours pensé des pensées de vie et non point des pensées de mort, et nous ne daignons pas même les rencontrer, nous ne voulons pas seulement les lire, les voir, les entendre ! Trop de presse, trop d’inquiétudes, le peu de loisir vous en barre l’accès, dites-vous. Ha ! mais nul prétexte ne s’oppose à une obligation si supérieure !

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Plume resserrée

5 février 2018 par Vincent PAYET

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1. Plume resserrée.

    Il eût cru manquer entièrement à sa tâche, s’il avait renoncé à peindre les lumières de la raison. Il explorait les trouvailles de l’homme de recherche, et son esprit s’évertuait pour traduire leur substance. « Quel matériau fécond, quelle surface merveilleuse ! se disait-il » ; toutefois, au lieu de s’abandonner à l’ivresse des nombres et aux dérèglements de sa liberté, au lieu de boire les vapeurs agréables et de trop enfler une verve corrompue, il se réduit à la synthèse, il resserre sa plume dans l’élégant et le positif.

 

 

 

2. Deux types de théories.

    A : Comme dans la physique nous remarquons des modèles A, B, C aux égales conséquences, et notre inaptitude à fixer lequel est conforme, ainsi nous rencontrons dans le sacré diverses histoires dont la fin se trouve en Dieu, sans que nous parvenions à choisir la véritable. — B : Souffrez que j’y écrive deux mots. D’abord, malgré des représentations différentes, nos lois naturelles se composent d’une logique similaire, elles sont mathématiquement identiques ; ensuite, de quelque côté qu’on juge, leurs conclusions s’accordent avec l’expérience, et l’on en devinera aisément la portée. Une fois cela entendu, nous nous taisons sur-le-champ, car déjà nous voyons surgir de l’ombre les curieuses bouches ; et sauvage, et véhément parmi le troupeau : le malin, le retors, l’invincible gardien du miracle.

 

 

 

 

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Échappée nouvelle

29 janvier 2018 par Vincent PAYET

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1. Échappée nouvelle.

    Nous avons aperçu vos manœuvres, nous avons étalé aux jugements captifs les plus longs biais de votre démarche, et nous vous avons ôté l’excuse où toute votre perfidie se cachait ; nous exposons l’étendue de la fable, et nul ne peut à ce jour s’y ébaudir ingénument. Certes nous serons les derniers à nous payer d’illusions, et les autres les premiers à faire du grotesque des meilleurs avis, en tournant en humeurs nos plus justes opprobres ; mais qui osera encore donner le nom de vertu au sophisme, ni celui de voie à la chute ? Dans un ciel si lourd de piperies, votre art du mensonge sera confondu, et les cerveaux, sous les déchirures répétitives, s’éclairciront par des échappées nouvelles. Écoutez donc, hissez-vous : songez enfin à revenir à vous-mêmes.

 

2. Non identifiés.

    A : Je ne possède pas le témoignage, mais vos objets volants me semblent très peu identifiés. — B : Comment entendez-vous me confondre par un argument que vous vous croyez incapable de soutenir ? — A : J’élabore une supposition convenable, certains signes me disposent à les juger douteux, et pour cela uniquement je regarde mon hypothèse comme scientifique et préférable.

    Les années filent. B : Comment tenez-vous un égal propos, quand vous échouez à convaincre de l’impossibilité de Dieu ? — A : Votre créance me tourne en surprise, non par une certitude naturelle, mais parce que son défaut m’apparaît autrement probable.

 

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Les calices du mensonge

26 janvier 2018 par Vincent PAYET

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1. Les calices du mensonge.

    Nos oreilles se cabrent contre leur voix enflée par tant de vertus et de manigances ; ils s’imaginent nous régler sur leurs principes vains et ridicules : nous condamnons nos fenêtres pour ses bouches obséquieuses, pour ses esprits trop superbes ; nous les laissons aller d’intrigue en intrigue, et s’emparer par manoeuvre d’autres attentions et d’autres gloires. Chez ces faux poètes, chez ces politiciens corrompus, chez ces éminents manipulateurs, que ne découvrons-nous pas sous le tour de leur expression, dans leurs trouvailles infortunées, dans les morsures de leur envoûtement ! Mais, oh ! regardez, les tribus numériques s’y suspendent, la foule se hâte de conduire ses lèvres aux calices du mensonge.

 

 

 

 

2. Glorieuse mémoire.

    Tandis que nous découvrons certains regards attachés aux manuscrits, d’autres s’appliquent à l’histoire des sciences. Les premiers cherchent à deviner les lois de la prose ; les seconds, celles de la nature. Comme ces doigts minutieux dans une nécropole grecque, ils veulent déterrer quelques trésors en la mémoire de leurs prédécesseurs, interroger les souvenirs du monde, fouiller avec méthode les sites admirables, ces étonnantes et glorieuses archives de l’Histoire.

 

 

 

 

3. Rêve occidental.

    Non, messieurs, nous n’irons pas nous entasser au fond d’une caverne ; non votre technologie ne calmera point l’ensemble de nos inquiétudes ; oui, nous exposons le grief contre votre course nuisible, contre vos odieux accroissements : vous usez les ressources de la terre, par la permanence de vos fantaisies, et votre rêve occidental, couvrant en tous points les cerveaux du globe, vous plonge diligemment dans une aliénation à fois inédite et incurable.

 

 

 

 

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Éternelle finitude

19 janvier 2018 par Vincent PAYET

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1. Éternelle finitude.

    L’âme se corrompt, fâcheuse évidence. Quelque histoire que vous alléguiez, la mort vous noue à votre finitude, et répand sur vos courages d’invincibles poussières. Par combien de ruses nous nous figurons échapper aux doigts noueux de la tombe ! pour ne point nous apercevoir que cette comédie est un masque nous soustrayant à l’inadmissible.

 

 

 

2. La cité des miracles.

    Les hommes crurent saint Augustin ; qui a confondu « la possibilité et la réalité », quand il a mis ses attentes sous les signes des miracles. Nos yeux boiraient aussi jusques aux confins du bon sens, si paroles et Écritures ne grossissaient pas infiniment l’improbable.

 

 

 

3. Déséquilibre des forces.

    A : Les âges poursuivirent leur course, loin de la méthode, loin des sciences, loin du goût des lumières. Il avait pourtant bien semblé aux valeureuses mains que ce fût leur audace qui eût affermi les lois de la raison jadis tant admirées… — B : Mais l’équilibre des forces se brisa, et ces jeunes vaillances, ces fronts tombés des nues, virent les peuples basculer dans les flatteuses crevasses de l’imaginaire.

 

 

 

4. Pancosmisme.

    Vous ne devriez pas croire que ce fût par toquade que vos notions de Dieu ne vous fussent jamais permises ; vous auriez au moins dû employer un mot recevable : parmi d’autres, pancosmisme.

 

 

 

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Liberté inaliénable

10 janvier 2018 par Vincent PAYET

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1. Liberté inaliénable.

    Nous serions follement doux, jusqu’au violent relâche, si nous souffrions la loi contre le blasphème ; notre indulgence s’y rendrait bien détestable : tel n’est pas notre sentiment. Nous employons notre désir de liberté par notre horreur de la répression ; nous devenons les bienfaiteurs de l’esprit en déboulonnant son adversaire et en appuyant son langage. Nous sommes également bâtis et pour entreprendre les saveurs de la Pensée et pour lui extraire les obstacles qu’on lui inflige. Oui, nous sommes des manières d’anges, nous sommes sa garde ailée, minutieuse, indestructible.

 

2.Forces inefficaces.

    « Vous devriez les surprendre davantage, leurs fatigues deviennent insuffisantes », nous reproche-t-on jusqu’à l’excès. Hé quoi ! répandre parmi les cœurs nos raisons, et en outre par l’assiduité et la force, ce serait enseigner plutôt qu’asservir ?! Car certes ils mettent trop d’indolence à emprunter la voie de la mesure, seulement nos moyens seraient inefficaces, si nos robustes instruments travaillaient sans bornes leurs cœurs si fragiles.

 

3. Miracles et prophétie.

    Les miracles de la science devaient convertir les peuples. Par quelle étrangeté n’a-t-on pas vu la prophétie échoir, est-il homme pour nous l’apprendre ?

 

4. Voyez s’ils mentent.

    « Voyez si je mens ». — Une telle obstination aveugle ne se serait point vue, si l’on avait pris la peine d’encenser les briseurs de miracles.

 

5. Incomplétude existentielle.

    Double preuve de notre salubrité : l’acceptation des bornes de l’entendement, et le refus de nous livrer à la superstition. « Nous devons savoir ! Et nous saurons ! » disait David Hilbert. « Oui, nous devons savoir ! Et la connaissance nous échappera ! » nous exclamerons-nous, avec Gödel. Si nos mathématiciens n’ont pu édifier leur glorieuse pratique sur des établissements impérissables, par quelle folie croirions-nous qu’un sort contraire échoie à nos divagations bouffonnes ? Nos intentions n’abritent pas assez de toquades, pour, dans un océan de vrai et de faux enlacés, dans la nébuleuse d’opinions fictives, entreprendre sur le sillage de La Vérité. Encore que nous louions la belle recherche, nous admettons les premiers la relative impuissance de l’intellect — personne ne sait combien nous devinons cette grave incomplétude existentielle.

 

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Trop, trop, trop

7 décembre 2017 par Vincent PAYET

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1. Trop, trop, trop.

    Trop de cordes, trop de frousse, trop de suicides. Rompons ces lourdes attaches, et amenons nos pieds à ces danses rieuses. Donnons à l’esprit une jouissance haute ; découvrons, étudions et conquérons ces délices avantageuses — providentielles.

2. À bâtons rompus.

Quelque chose de caricatural et d’affreux s’entête jusqu’à l’inénarrable apologie de l’inconnaissance. Ils nous objecteront sans nul doute : et nous romprons leur beau jugement par nos éclats de ris.

3. Vive la Reine !

    Que de tels doigts aient oeuvré pour la forme jusqu’à leur dernières agitations, quoique leur vie se rattache à l’ordre exceptionnel, nous reconnaissons ne point en être surpris : car quelle courbe d’existence pouvaient-elles épouser, ces natures si débordantes de savoir, et si confiantes dans leurs décrets et dans leurs forces ? Dès longtemps elles ont rejoint les rudes ouvrages, elles ont décelé, pourfendu et assoupli quantité de nœuds résistants. Où que le jour les portât, leurs valeurs individuelles leur ordonnaient tout ensemble l’attaque des adversaires des courages avachis et, en montant dans la tour, les empressements du tocsin au visage de ces peuples de fatigues ; en proclamant avec une audace pour lors inconnue : « Gloire à la Connaissance ! gloire à la Connaissance, vive la Reine qui exhausse les cœurs et les enflamme ! » Et quelles embûches auraient retardé leurs épaules si saillantes, quels hasards auraient gêné et comme suspendu à l’inaction ces appareils d’esprit où la démolition et l’établissement composait les rouages, les principes, la complexion ?

4. Fenêtre sur le monde.

    L’oracle : Pour affaiblir toutes les menaces, écoutons les discours solides : rangeons-nous humblement sous la loi de leur démonstrations, acceptons sereinement leurs témoignages, et nous découvrirons certainement une ouverture insoupçonnée, l’autonomie avantageuse.

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