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Esprit et Liberté

Un espace et un temps pour les esprits libres

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Animalité

2 juillet 2018 par Vincent PAYET

1. Sur les crêtes.

    D’où vient que nous aimons à exclure les idées parasites, dans lesquelles le cours de nos attentions s’altère, si ce n’est qu’il nous devient hideux, dès les premiers signes de l’union ? D’où vient que nous nous efforçons à lâcher les simulacres ordinaires, si ce n’est que nos pieds s’ennuient sur les plateaux du monde, et jubilent sitôt qu’ils se meuvent et chassent parmi les crêtes ?

 

 

 

 

2. Légitime défense.

    Un sage se promène dans un champ. On vient à lui, on le provoque. Pour conserver son honneur, il doit agir ; et il consent au duel, faute de choix. N’ayant souffert nulle intention de contrarier, quel témoin peut voir en sa décision le mal insu ? Oui, vraiment, qui oserait couvrir d’opprobre une si courte et belle réponse ? Ainsi la nature immorale gambadait, quand la nature sacrée voyagea pour la contraindre. Et lorsque les regards se touchèrent : « Comme il se sent autorisé de nous offrir la joute, se dit-il, je connaît déjà le bonheur de la lui faire sentir ! » Licet acceptare et offerre duellum.

 

 

 

 

3. Animalité.

    Parce que l’image de Dieu se serait imprimée sur chacun de leurs tissus, les hommes devraient soumettre leurs considérations à ce visage divin… D’où il découle que le « prestige » s’oppose habituellement à la condition animale, car comment se figurerait-on une idole sous de pareils traits ? C’est ainsi que les dogmes, par la théorie de l’évolution, ne sont pas moins en péril d’éclat que de mort.

 

 

 

 

4. La mangeaille.

    S’il arrivait à quelqu’un de vos amis que la Mort eût un beau dessein à son égard, et qu’il y eût du désordre dans la petite république de ses espérances, lui suffit-il d’affirmer que son flambeau ne chancellera point, qu’une lumière sans tâche anime son coeur, et qu’une vie sans bornes l’attend plus loin ? Peu me chaut, lui répond-Elle incontinent, la nature de tes folies, pourvu que j’aie mangeaille, pourvu que j’aie l’ivresse !

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Appâts d’immortalité

25 juin 2018 par Vincent PAYET

1.Appâts d’immortalité.

    Persécutions, douleurs, extravagances, les histoires éternelles peuvent-elles sembler à ce point raisonnables ? Car quelles troubles et du corps et de l’esprit, quel vacillement et des courages et des futurs de l’un et de l’autre ; quel éloignement, quelle servitude, quelle humiliation n’est point occasionnée par ces nourritures accrochées à l’hameçon ? desquelles plus l’amer est poignant, plus l’homme s’écarte du goût et de la destination profitables. Ho ! combien de coeurs esseulés, perméables, assez naïfs, combien de ces bouches généreuses mordront encore à l’appât ?

 

 

 

 

2.La dispute.

    Alors que le débat s’enflait, l’homme adressa quelques mots à nos détracteurs : « Nous apercevons mieux que nos pères les impératifs actuels de notre éducation. Si nous devions exclure les langues trop promptes à l’étourderie, combien les commerces seraient ennuyeux ! Or la variété de leur plaisanterie expose tant de matières à notre développement, tant de convictions à démolir sans relâche, et donc tant de fruit à notre croissance, que nous devrions souligner qu’il n’y aurait pas excès de folie à vouloir non seulement que les mensonges se perpétuent, mais en outre qu’ils se renforcent et s’élèvent pour que nous sachions nous y contraindre, nous y éprouver et nous y ébattre assidûment. » La dispute s’acheva subito, ses ennemis comme par trop étonnés pour y mettre le surplus.

 

 

 

 

3.Des états propres.

    « Arrachons-nous de ce commerce si familier, proclame-t-il, avant qu’une attache solide n’apparaisse ; purifions notre coeur des affects de ces hommes, de crainte qu’il ne s’y engorge sans réserve : car, lorsque les particules se mélangent, quel ennui pour retrouver son état propre ! Efforçons-nous d’engagez assez tôt la séparation bienfaisante, ne nous consumons plus en liaisons préjudiciables, n’épuisons plus nos heures par de vaines écoutes. Ho ! que ne préférez-vous la solitude à ces compagnies désavantageuses, à ces peines d’esprit empressantes, à ces figures si contraires à vos maximes ! » Voilà une harangue d’une efficace bien opportune, nous dira-t-on. Voilà aussi comme ils entendent soigner leurs amis fidèles et convenables…

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Siècles boiteux

5 juin 2018 par Vincent PAYET

1. Siècles boiteux.

    Par la salive, il redonne l’ouverture à un non voyant ; et, par son pied, il efface une boiterie. Après toutes ces années, après les révolutions intellectuelles, par Vespasien, par Moïse, par la foule thaumaturge… — les narrations claudicantes se fixent dans les cœurs et les cervelles, se répétant et vacillant et chavirant, à l’infini.

 

 

 

2. Dieu caché.

    Nous reconnaissons un Dieu véritablement caché, Deus absconditus ; il oeuvre si loin des intelligences humaines : nous le nommons Incertitude, Probabilité, Énergie, Évolution. Ho ! sensibilité frondeuse, entrailles bien éprouvées, humeur récalcitrante, mon frère ! que tes oreilles s’écartent, afin que ta conversion s’éveille ; que ton âme entende, afin qu’Il te guérisse.

 

 

 

3. Âmes ductiles.

    Ces architectes ont dessein de nous briser et de nous unir à l’ignoble ciment de l’inféodation. Qu’ils cherchent autre part leurs matériaux ductiles, car les plans qu’ils veulent graver sur nos fronts s’obscurcissent dès ce jour par nos inébranlables persévérances.

 

 

 

4. Inséparables.

    La nuée automatique se fait des occupations qui l’enveloppent, des jouissances qui la flattent ; elle les savourent, elle les prône ; et elle s’y amollit entièrement, et elle ne souffre qu’on l’en détache.

 

 

 

5. Paix insouciantes.

    Nous venons à vos paix insouciantes, nous troublons vos plaisirs indélicats, nous rompons vos soins mortels. Nous bravons ces rires, nous tourmentons vos jeux ; nous lions étroitement vos pas, pour qu’ils cessent de courir aveuglément par le simulacre de triomphe. Nous les coeurs endurants descendons sur vos caractères soumis, et leur délivrons ces audaces et ces vigueurs dont la présence fut si longtemps dédaignée.

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La couleur des discours

30 avril 2018 par Vincent PAYET

1. La couleur des discours.

    A : Les lumières des discours suffisent pour que l’on adore leurs obscurités. — B : Mais, que dire, quand les clartés sont des illuminations insidieuses ?

 

 

 

 

2. Indisposition.

    Les soupirs de ces natures ensommeillées nous indisposent.

 

 

 

 

3. Enveloppements silencieux.

    Une rieuse lumière se dégage des choses ; nos raisons n’en découvrent point les marques. Elle baigne lieux comme jours, elle veux toucher nos pudiques impressions, et nos organes échouent à en saisir les moindres effets. Les doigts du monde s’empreignent de toutes parts sur le sable de nos consciences, mais notre froideur épouse ces lignes vagabondes, sans égard pour ces merveilles qui l’effleurent, qui la choient, qui l’enveloppent.

 

 

 

 

4. Reposer ses angoisses.

    Nous nous figurions que l’humain, après s’être purifié de ses créances traditionnelles, bondirait comme ce rayonnement captif de la matière, lequel, lors du prodigieux éclaircissement, connu ses hardiesses primitives. — Nous sous-évaluions son besoin d’assurance, et son ingéniosité dans la construction d’assises où reposer ses angoisses de fer.

 

 

 

 

5. Souffler les bougies.

    Un scientifique parla en ces termes : « Nous disons qu’il est trop incertain de résister à la “tyrannie” de la méthode expérimentale : l’imagination, ou plutôt la fantaisie, se dispense un peu des preuves, mais pour bientôt s’y laisser mieux envahir, mais pour déjà s’y associer d’une manière plus étroite. Si votre ambition de nous surprendre par vos figures se gonfle à l’excès, il vous faut nous éteindre, il vous faut souffler nos bougies. Eh quoi ! volontés superstitieuses, pensiez-vous que vos desiderata, affermis par une si faible éloquence, nous referaient et nous changeraient en crédules nouveaux ! »

 

 

 

 

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Heureuse confluence

13 avril 2018 par Vincent PAYET

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1

Heureuse confluence

Le bon usage du temps,
Seule et unique sagesse ;
Lâchons le prix des choses
Pour découvrir leur valeur.
Peut-être sentirons-nous,
Ô l’heureuse confluence !
Par cette nouvelle rigueur
L’éveil d’une douce humeur.

 

 

 

 

2. Baisers bleus.

    Qui pourrait se représenter par quelles lourdeurs et par quel abattement nous attendons. Qui pour reconnaître l’humide chemin où nos vies se rétractent et se lassent ? Non, le vent soudain essoufflé ne laisserait pas les campagnes surprises dans une disposition plus misérable que celle d’un cœur où le souffle est rompu. Mais nous voulons toujours entendre par quelles voies nous atteignons le précipice, et la nature du chant de ce contagieux désespoir. Et de là nous échapperons peut-être de ses influences : arrachés de cette pesanteur, nous joindrions l’aérien — embrassant un bleu dégagé à merveille.

 

 

 

 

3. Incrédule et contredisant.

    Sa providence ne se contient pas dans ses bornes, et coule même sur les plus aveugles opposants. Un tel remède, un tel contrepoids, une telle grandeur devenait biogénique. Et elle opéra dans la bouche et les travaux du Blasphémateur, et elle se donna toute à la forme de l’Incrédule, à l’oeuvre du Contredisant ; ce Précurseur athée, irréductiblement, dont la parole salutaire s’élance encore à la rencontre de ces voyageurs si hagards en plein midi.

 

 

 

 

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Évidemment

16 mars 2018 par Vincent PAYET

1. Évidemment.

    « Une seule est bonne ! » proclament les superstitieux. Évidemment. Ô cris de la raison étouffée !… Ô prophéties ! qui à l’écart des saintes aides soumettez cette flamme à la perfidie des ombres !

 

 

 

 

2. Quant à l’intimidation.

    La carrière de nos conceptions a son « noyau » partout ; et, en quelque lieu qu’on le voie, nous n’y tolérons ni coutumes, ni influences, ni terreurs, nous ne laissons nulle homme l’étreindre d’une effroyable circonférence.

 

 

 

 

3. De l’infini, des univers, et des cognées.

    Admirez, ô enfants du savoir, les travaux de nos illustres pères. Jugez les splendides tours où ils nous conduisent à ces images des choses inconnues et préservées de toutes perfidies. Éloignez vos yeux des prophètes ; ne souffrez point que vos convoitises se répandent sur les chemins du superflu. Réduisez premièrement vos fatigues entre les bords du nécessaire. Ha ! que d’applications doivent se retrancher à leur plus minime dépense ! Que de coeurs à enflammer, et d’inquiétudes à guérir ! Le progrès enrôle ces bûcherons dont la cognée se porte à la souche de nos imaginaires les plus assassins ; ces rudes bras qui délogent les vanités du centre du monde, les réintègrent dans la physique et les assoient sur leur trône : une planète minuscule, dérisoire — prodigieuse !

 

 

 

 

4. Erreur éthologique.

    « Figmentum enim humani cordis malum est » : ignorance du fond animal de la superbe créature, en outre aveuglement sur l’altruisme au cœur de ses « autres » semblables.

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Fâcheuse thérapeutique

26 février 2018 par Vincent PAYET

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1. Fâcheuse thérapeutique.

    Par une curieuse évolution, il semble que les plumes veuillent communiquer avec l’Esprit de la littérature en ces termes : « Mon Dieu, rappelez-moi à votre bon souvenir, selon le bien offert à mes fidèles » ; et que par cette interminable quête de soins, de ces soins qui, croient-elles, n’effacent pas leur sensibilité, mais la rendent plus calme et plus bénéfique, elles s’évertuent pour contraindre tout ce qu’une phrase sait contenir de rudesse et de variété. Mais comment ne pas craindre, oeil perspicace, que cette inclinaison, si elle se confirmait, ne produisît des torts innommables ? et nous entendons par là qu’elle n’anéantît, au lieu qu’elle n’émancipât la conscience des liseuses et des liseurs ?

 

 

 

 

2. Pour la gloire des béotiens.

    Nos lettres ne cherchent pas les vains acquiescements, ni ne les reçoivent quand on nous les donnent. Nous jouons des flûtes lorsque viennent les honneurs captivants, pour trois raisons : les flatteurs ignorent l’objet de leurs penchants ; ensuite leur goût se dilate mais sans les écœurer ; enfin ils n’excellent que dans la ruse ! Ô balancement autre, ô beauté, ô création ! combien notre gloire tire son origine de votre seul jugement ! Qu’ils nous flagornent donc à loisir, nous ne boirons pas de leur eau ; nous ne changerons pas notre palais pour la gloire des béotiens, nous ne laisserons pas leur salaire récompenser nos oeuvres. Hé quoi ! pourrions-nous jamais souffrir que notre art soit ainsi dédommagé de tant d’abandons : comme une innocence corrompue sous le plus sauvage orgueil ?!

 

 

 

 

3. Plaisirs incolores.

    Toutes ces philosophies, ces sciences, ces littératures, tous ces arts, et nous gonflons le discours de nos vies d’éléments si vulgaires ! Autrefois, l’on durait moins longtemps, mais combien de délicieuses paroles ne savions-nous pas nous raconter en un seul jour ! Que ces loisirs actuels, nos éclats de plaisirs, nos débauches incessantes, que cette animation aurait paru incolore aux grands artistes du passé !

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