1. Des archétypes.
Ô invisibles fils, terribles ornières, sables assoiffés ! Vous ! les conventions, l’habitude, le prosaïque… l’insignifiant, la funeste banalité ! Ô misérable condition de l’homme-machine ! de l’âme déterminée par les commandements, les programmes, les codes, soumise aux prémisses bien incertaines, à ces théories qui lui compriment le corps, à ces barreaux qui lui lacèrent le coeur ! Ô les créatures emprisonnées, les consciences tourbillonnantes, l’être avalé ! et l’infini oublié, l’acte créateur, la porte salvatrice, le rêve emporté ! Ah ! toutes les chaînes, les cellules, les cachots, ces archétypes d’une manière d’esclavagisme moderne — et tant et tant d’orbes abandonnées, de mondes parallèles plein de promesses, de pinacles de la pensée inhabités !
2. Daidalos.
Il est cet étrange lieu, dans lequel l’animal humain se débat comme un beau diable, et habituellement sans qu’il le sache ; une région à peu près invisible, pour l’ordinaire imperceptible, se révélant par intermittences et degrés aux esprits observateurs : comprenez le dédale des conduites sociales, de l’épistémê, des préjugés ; ces allées vétustes de cités usées, de mondes antiques bien enselevis à présent — ce vaste labyrinthe imposant aux existences, comme conditions de progression, les difficultés inextricables, l’engagement et l’égarement… en ses champs emmêlés, en ses ruines discordantes, — en ces terrains minés affreusement meurtriers.
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