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Un espace et un temps pour les esprits libres
par Vincent PAYET
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par Vincent PAYET
Se dévouer de corps et de cœur à la belle humeur, au « flow », à la beauté, à la vérité : est-il actions et états plus désirables et plus profitables pour l’existence d’un homme ? Ne sont-ce point là proprement ces feux dont tout être devrait brûler ? Quand nos yeux se posent sur les individus absorbés par leur activité, ces braves cheminant par petites étapes en plein milieu d’une tâche radieuse et noble, tels des sentiers tranquilles à travers le bois, sur ces corps et ces esprits qui créent, que nous nous représentons l’illustre potier indien dansant avec son tour, le grand poète allemand humant le parfum des roses dans le jardin des mots, le prodigieux peintre hollandais et son chevalet formant un duo majestueux à l’écart parmi la foule ; que nous découvrons les entités sacrées, les senteurs délicieuses, les graves moulins du temps, alors nous éprouvons comme un sentiment délicat, une onde de ravissement, un léger et doux frisson nous parcourir, alors nous exhalons de longs soupirs de délivrance et nous lançons en nous-même : « Heureux ceux qui ont rencontré la vie ! Heureuses celles qui se baignent nues en la fontaine pure ! Ah ! Combien, devant vous, les frais torrents de l’enthousiasme se déversent dans mes veines, combien le contentement réchauffe mon sang ! Ah ! tant d’impressions, tant d’émotions s’animent et me portent ! » Mais déjà nous sentons que nos mots se noient sous la force et la grandeur de ces visions.
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par Vincent PAYET
N’ayant le temps — ou plutôt ne le prenant plus — de satisfaire leurs inclinations profondes, n’écoutant plus le délicat bruissement des mouvements de leur être sous les vents du présent, les oubliant, les congédiant même, on assiste à une vaste errance des talents les plus purs dans des activités étrangères à leur nature. Tout un monde de perceptions, de sentiments, d’idées veut s’éveiller et se déverser, mais, hélas ! il est comme refoulé dans les derniers replis, les recoins oubliés de chaque conscience… au fond des marais opaques de l’agitation quotidienne ; là, si impétueuse et pourtant si contrainte, cette fleur de l’intime personnalité désire toujours s’épanouir, — toutefois les jours passent et, dans une complète indifférence, les cœurs, la vision obstruée et emplis de boue jusqu’à la gueule, ne se donnent la peine de considérer, encore moins de cueillir, le rare et somptueux « présent » : cette noble impression prodiguée par l’instant, cette étoile filante indignement délaissée, dont la clarté, indépendamment des saisons, n’aspire qu’à fleurir et à se donner. C’est ainsi que loin de soi, bondissant constamment à une considérable distance de son propre foyer, la petite conscience glacée atteint le pays surpeuplé, cette contrée qui le jour comme la nuit baigne dans l’obscurité, cette région où règne dans l’atmosphère un inquiétant sentiment, la grande certitude… l’immense solitude des âmes aliénées ; et, tandis que certaines y restent seulement un trop long moment, d’autres s’y enfoncent, et y demeurent pour jamais. — Ah ! que tout cela sait affliger ! et qu’avec les modèles, les communautés, les idoles en tout genre à concevoir et exécuter leurs funestes desseins on les engage ! Comme à l’intérieur des sinistres zones on les pousse ! Ô navires par les vents monstrueux sur les récifs projetés ! Ô alarmes ! oiseaux mauvais qui volez à fleur d’eau !… Ô platine, argent, or, valables matières dénaturées ! que courez-vous à la folle effervescence, que courez-vous à votre perte ?! Temps et patience sont les briques élémentaires des œuvres d’exception, et la première des œuvres n’est autre que toute existence, n’êtes-vous point au fait ? Ignorez-vous donc que pour celui qui recherche l’expression artistique, qui ne cesse de savourer une sorte d’esthétique existentielle, la principale nécessité est de se rendre le maître de sa vie, de son sort ? que pour l’artiste véritable, son existence, la réalité même est la matière, et son esprit, qu’un moyen de donner à celle-ci, à soi-même, une forme convenable et, si possible, la forme de l’intensité et de la beauté ? — Oh ! comme un cœur est à même de souffrir lorsqu’il voit, malgré soi, que les matériaux de qualité et les honnêtes artisans existent, mais que la plupart semblent se méconnaître ! Ciel ! Quand l’individu s’arrêtera-t-il de scruter les lames et, sur ces eaux de la superficialité, de vouloir trouver les traits de son âme ? Quand enfin orientera-t-il ses regards vers les profondeurs, vers sa nature, en son sein, — et se mettra-t-il au travail en vue d’exprimer le meilleur de ce monde profondément assoupi, en vue de délivrer les substances latentes… en vue de tenter l’œuvre d’art authentique ?
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par Vincent PAYET
La Pensée scientifique ou les Lunettes
La nature des choses ne sera point entachée.
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par Vincent PAYET
Des Cygnes et des Canards
Des aéronautes qui se lèvent, et des créatures qui barbotent… »
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par Vincent PAYET
Corps et esprit forment une unité,
Chair, émotion et intellect, ensemble doivent danser ;
Ainsi émerge la pensée créative —
Ainsi quelque part, quelque chose,
En l’originalité étrange jaillit.
L’existence dans son manteau enveloppe l’artiste,
Sous les doigts de sa bien-aimée l’esprit réagit,
Désormais, il désire se montrer :
Toute abstraction puissante aspire à s’exprimer,
Par une forme ou une autre.
Au royaume de l’imaginaire, la matière irréelle
Se transforme et se fait concrète ;
Les lignes abondent,
La pierre peu à peu se précise,
La toile rencontre contour, formes et couleurs…
Rires et larmes,
Sensation composée et humeur multiforme,
Pensers et images de toute espèce :
La troupe diaprée se rassemble, discute, délibère —
Et brusquement tombe sur l’accord.
La musique s’élève, les éléments s’apprêtent,
Le chaos s’organise, l’harmonie s’éveille ;
Au sein d’une impatiente rumeur, tout semble attendre,
La venue d’un objet,
La naissance de l’enfant.
Assurément l’atelier du maître est son corps,
De même que le monde est son matériau.
Et certes le créateur possède des ingrédients raisonnables,
Mais son œuvre, la créature, essentiellement
De ses sensations et de ses sentiments est faite. —
Voilà comment se constitue la potion merveilleuse de notre alchimiste…
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par Vincent PAYET
1. Les cratères.
Certaines âmes sont denses et hypersensibles à ce point qu’elles aspirent, sans qu’elles s’en rendent compte, toutes les pensées, les émotions, les sentiments avoisinants ; et ce, dans une impétuosité telle qu’il est possible de les reconnaître à leur face caractéristique : leur sol peuplé de cratères d’impacts météoritiques.
2. Naissance de la mort.
Un artiste est capable de survivre dans le dénuement le plus complet, comme alimenté par perfusion, par son art. Cependant la naissance et le développement d’une œuvre où loge la valeur requiert des conditions particulières, une richesse d’un certain type ; et l’oxygène, l’eau, le gaz carbonique même entre autres choses en font partie : ils sont essentiels à sa respiration et à sa croissance. — Un seul de ces éléments s’absente et la surface morte naît : un désert glacial, une étendue qui ne porte point de fruit — une terre toute stérile à l’intérieur de globes d’ores et déjà éteints.
3. Semeur.
Majestueux vent solaire ! quand soufflerez-vous sur cette planète, ses sphères, ses boules, en ces crânes, ces cœurs, ces âmes — quand enflammerez-vous ces solitudes glacées ? Nuage d’Oort ! illustre semeur, daignerez-vous jamais vous éveiller, et déposer dans les esprits vos merveilleuses comètes, votre fabuleuse substance fécondante, vos immenses, vos longs, vos profonds soupirs créateurs ? Ô énergie vitale ! vos enfants, les soeurs et les frères, les malheureux gémissent faute de soins ! de vos présents font besoin ! Oui, vous, Mère des mères ! ne sentez-vous les organes qui décélèrent, le rythme morbide de vos cœurs… le flux, la voix, la poutre qui faiblissent — cette belle humeur, cet enthousiasme, la vie même qui se meurt ?
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