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Esprit et Liberté

Un espace et un temps pour les esprits libres

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Vincent PAYET

De la nature du corps, du cerveau et de l’esprit

De la nature du corps, du cerveau et de l’esprit

10 octobre 2016 par Vincent PAYET

 

« Le corps est matière, mais pas l’esprit », professe-t-il… ; « certes des liens existent entre celui-ci et celui-là, toutefois l’un et l’autre ne se touchent point d’une manière qui rendrait possible le mélange de leurs substances respectives », affirme-t-elle… Devant de telles paroles, un simple constat : la neurobiologie moderne a beau apporter ses lourdes preuves, à la source de la légère pensée toujours la créature s’abreuve. Ah ! que les conceptions actuelles sont éloignées de ce que nous dévoile la réalité ! que l’on ne s’éveille plus ! que la vie ne s’éprouve qu’en songe ! Et pourtant ! nous savons maintenant que l’esprit, le cerveau et le reste du corps sont indissolublement associés, si étroitement liés entre eux qu’ils forment une manière de prodigieux circuit intégré ; nous savons maintenant qu’il n’est plus permis de douter que ce phénomène qu’est l’esprit s’origine dans la biologie et la physique : l’évidence même se montre — la nature de celui-ci ressortit à la biophysique. Corps, cerveau, esprit — changeons l’ordre ! : les manifestations peuvent être différentes, et cependant la substance est unique — les atomes, les champs quantiques sous-jacents sont les mêmes… Comment, en conséquence, ne pas se trouver dans l’extrême étonnement lorsque viennent cogner à nos oreilles des objets de ce type : « L’esprit humain est une substance évoluant dehors l’orbe des mathématiques, de la physique et de leurs lois ; par ses propriétés complètement autres, lui, l’esprit individuel, l’« étranger », appartient au royaume de l’immortalité… » ? Comment réagir en face de ces êtres refusant la conclusion impérieuse — vraiment ? est-il des hommes assez fous pour s’opposer à la foudre, pour nier même son existence ? : lorsque l’enveloppe charnelle disparaît, elle emporte avec elle cet esprit dont on a beaucoup parlé…, comme deux amants magnifiques pris par la folie. — Ô que l’on me pardonne ! de laisser de côté, pour ce qui concerne certaines questions, les opinions fort douteuses d’illustres cerveaux ; de m’éloigner, quant à quelques points, d’une compagnie grandiose, — de Descartes, de Pascal, de Goethe… —, et de rejoindre plutôt la sphère de Spinoza, de Nietzsche, de Damasio… « Eh ! le contradicteur passionné ! ne t’as-t-on pas mis au fait ? nos considérations proviennent d’intuitions profondes, ô combien ! tentera-t-on encore, en vue de me séduire… Et tu ne voudrais tout de même pas nous enlever ce que nous sentons en nos entrailles, l’intime matière de nos perceptions, de nos sentiments, — nos pressentiments ?! » Ces enfants impolis ignorent que le navigateur que je suis devenu sait trop combien ces fameuses intuitions ont, bien souvent, fourvoyer le bon sens des humains ; — ils ignorent qu’assurément, des sirènes de toutes sortes, l’hardi nautonier en connaît un certain nombre, et que, quoi qu’elles fassent, — son entendement, son âme s’étant fortifiée des écueils du passé les mieux cachés, — désormais il ne se laissera plus si aisément abuser.

 

Photo © iStockphoto.com / d1sk

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La famille, l’école et l’enseignement

La famille, l’école et l’enseignement

9 octobre 2016 par Vincent PAYET

 

« Voudriez-vous m’informer de l’état actuel de l’enseignement ? demanda le vif garçon au vieil homme à la harpe ? — Un des problèmes considérables de l’éducation réside dans la tâche qu’elle se propose, répondit-il. L’école et la famille ne s’évertuent point à élever les esprits, mais à former de bons « élèves » — comparables aux jeunes animaux dociles chez les éleveurs, à ces jeunes plantes naïves dont la croissance est parfaitement contrôlée ; à accentuer les individualités, mais à favoriser la ressemblance ; à développer l’être, mais à créer des masses conformes, des consciences admirablement adaptées, des pièces tout à fait utiles. Si l’on voulait simplement encourager la vertu, les talents printaniers, en somme, le développement des personnalités, et si celles-ci étaient alimentées essentiellement en ce qu’il y a d’excellent dans les pensées des plus grands hommes, — lesquels furent et sont invariablement les plus libres, les plus hérétiques, les plus extra ordinaires, — on serait en droit d’espérer que le meilleur soit à venir, car il y aurait encore de merveilleuses aurores à poindre… » Un orage survint, interrompant les paroles, et le garçon, apeuré, se mit à l’abri. Ces réflexions laissèrent l’oeil de la Jeunesse, dans les minutes qui suivirent, tout songeur — complètement stupéfait.

 

Photo © iStockphoto.com / Andrew_Mayovskyy

 

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L’artiste, la marque et le siècle

L’artiste, la marque et le siècle

8 octobre 2016 par Vincent PAYET

 

1. L’artiste, la marque et le siècle.

Les hommes, perdus dans l’indifférencié, ne désirent plus laisser une trace sur le corps des sociétés, une marque sur le cours impétueux de l’histoire ; s’asseoir à la table de leur existence, et observer les phénomènes passant sur la grande scène, c’est suffisant ; en leur sein égaré, nul besoin ne se fait sentir d’être, non plus le spectateur, mais l’acteur de quelque événement d’importance ; chaque individu vient, prend place, et au terme de la représentation, comme par le jeu d’une machine, froidement se lève et se retire, parmi la foule d’irréflexion et d’inattention, au milieu des flots insensibles, et dans l’attitude confiante que tout ceci constitue le rôle qui lui est dévolu par le sort.

 

2. Les grâces du style.

Certaines plumes paraissent nées dans la danse. Dès leurs premiers battements d’ailes elles évoluent dans la même grâce et légèreté que l’oiseau des hauteurs qui, se riant des courants et porté par le souffle de l’aisance, d’instinct réalise les gestes parfaits, de nature déploie la perfection, spontanément, eu égard à l’allure du regard, l’exécution de la trajectoire, le choix et l’atteinte de la cible, s’engouffre dans les plus prometteurs couloirs, dans les plus élégantes des voies.

 

3. Drame silencieux.

L’objectif est connu,
en ton âme il s’abrite ;
et pourtant que tu trembles,
et que tu fais des cercles,
et que tu t’alourdis !…
et ton regard s’affaisse,
et tes béquillons… lâche !
et ta volonté ploie,
et te voilà bien pris ;
et en ce champ de forces,
et en la lassitude,
et au sein de l’ennui,
et parmi les alarmes —
tout ton être,
tout roidit.

 

4. Les neiges éternelles.

Les beautés formant le cœur de certains écrits, pareilles à ces illustres neiges de vertigineux sommets, ne sont point soumises aux fluctuations du temps ; hors de celui-ci, elles semblent être façonnées par les doigts d’un esprit divin — à l’écart, comme inactuelles, elles aussi baignent dans la rougeur et la blancheur, dans la pureté de la couleur, dans le lac intact de l’éternité.

 

Photo © iStockphoto.com / Serafima82

 

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Naissance des étoiles

Naissance des étoiles

7 octobre 2016 par Vincent PAYET

 

1. Naissance des étoiles.

J’aperçois les nues de haute culture. En elles, certains espaces abritent davantage de densité, qui aspirent toujours plus de matières, diminuent de volume et chauffent. Dans les nuages des nobles pensers, des fœtus d’esprits émergent, se précisent et espèrent. Ces neurones hyperexcitables sont nos grandes espérances ; déjà ils attirent les regards de ceux qui veulent voir, — et bientôt constitueront nos plus belles guirlandes lumineuses, les plus précieux éléments des peuples : les étoiles les plus pures de nos ternes cultures.

 

2. Le crépuscule des astres et la semence étoilée.

Toujours, et encore : Quel pourrait donc être le but de toute culture ? La formation d’éléments lourds et rares, c’est-à-dire d’êtres d’exception : la création de la valeur même, produisant la valeur et la multipliant. Car ces corps célestes, lorsque viendra le moment, lors de l’implosion de leurs cœurs, répandront dans le dernier soupir, sur les générations présentes et à venir, leurs idées lumineuses, leur œuvre inestimable, leur trésor. Car en effet, l’histoire de la pensée dans tout ce qu’elle comporte de prodigieux, n’est en définitive, en grande partie, que poussières d’illustres étoiles du passé ; et c’est à l’homme actuel, et en son propre cœur, qu’il incombe de permettre à ces astres révolus de continuer d’étinceler. Car enfin, le point que tout esprit honnête vise, le lieu où il se propose de se rendre, la fin qu’il entend rejoindre n’est autre que l’ensemencement des terres, des mers et des airs ; n’est autre que l’enrichissement perpétuel du feu, que sont les vagues de nouvelles consciences, par les inaltérables, les continuellement fraîches, les éternelles graines d’or antiques, contemporaines et futures.

 

Photo © iStockphoto.com / Trifonov_Evgeniy

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Des rêveries

Des rêveries

6 octobre 2016 par Vincent PAYET

 

1. Des rêveries.

Oh ! l’individu astucieux ! Comme sa situation est agréable et pittoresque ! Il s’est fait là, au milieu des hommes, un petit réduit paisible. En ce lieu commode et accessible, il reçoit avec aménité ces honorables invités : il lit son Lucrèce, son Nietzsche, son Valéry… Quelquefois, il se lève, se promène et s’accoude à une fenêtre ; alors, son regard s’enfonce dans d’étranges rêveries, y passant des heures entières, et de curieux êtres se mettent à lui rendre visite. C’est durant ces voyages à l’étranger, à l’intérieur de lui-même, que notre promeneur solitaire compose ses meilleurs tableaux, qu’il peint de la manière la plus juste ces autres, ses semblables, leurs passions et leurs effets, les mœurs et les êtres — les mouvements de la pensée et ses crises, la nature de l’esprit… la nature des choses. Vis-à-vis de lui et en lui, parmi ce fonds très riche, il entend exploiter les lignes droites, les courbes, les formes rares, les volumes ordinaires, les configurations géométriques étonnantes ; et il se détermine à rendre clairement et vivement la variété, à épouser, — dans cette débauche de sens et de non-sens, de détails et de sentiments, — non pas la condition de l’homme moderne, mais celle de l’artiste. Car en effet, en cet état de conscience singulier, en ces régions confinant les terres de l’illumination, seul le portrait, seule l’existence du grand esthète, lui paraît être ce qu’il y a au monde de plus souhaitable.

 

2. Vin exquis, Mer rouge.

Ô mes compagnons ! pour quelle raison le calice de la vie, la coupe aromatisée, l’amie délicieuse est-elle si rarement portée aux lèvres ? Pour quelle raison si rarement sa magnifique robe rouge danse-t-elle devant vos yeux subjugués et pénètre-t-elle dans vos sens et vos coeurs troublés d’ivresse ? Mes aimables compagnons, c’est que les mains par trop tremblent et, ce qui est bien plus grave, qu’elles craignent indiciblement les secousses. C’est ainsi que les consciences, fuyant quoi qu’il en coûte l’éventualité de la peur, — l’intensité, la beauté, la volupté, les plaisirs de l’âme et du corps ont beau se trouver tout près, beau dire et beau faire, et le vin exquis déployer toute sa magnificence, les hommes, las ! par beaucoup de ruses, de dissimulations, de cécité et de pusillanimité, ne cessent, à leur insu, de parfaire leur maîtrise de la noyade, dans la plus sûre et toutefois plus tragique des mers.

 

Photo © iStockphoto.com / night_cat

 

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Musa

Musa

5 octobre 2016 par Vincent PAYET

 

1. Musa.

Ô sublimes déesses, ô filles de Zeus et de Mnémosyne ! De grâce, n’abandonnez point vos sujets ; de grâce, secourez-les ! Du mont Hélicon, à l’égard de vos pauvres créatures ayez donc quelque pensée ; Uranie ! Clio ! Euterpe ! Thalie ! Melpomène ! Terpsichore ! Calliope ! Érato ! Polymnie !… : Sœurs immortelles, quand condescendrez-vous jusqu’à vouloir bien visiter ces âmes qui gémissent et s’éteignent ? et soufflerez-vous l’inspiration sur ces petites flammes au teint pâle comme la mort ; ces minuscules chandelles, dont les charmes au milieu de la tristesse se fanent, dont les rires languissent parmi la faiblesse, — dont les larmes même sont devenues… affreusement fades ?

 

2. L’art de se mourir.

Ô illustres âmes ! Comme votre œuvre déjà éternelle, sur les sentiers vers vos cœurs, dans le bois ténébreux égara la mort ! À peine le monde quitté, vous voilà de nouveau parmi nous ! fraîches comme une rose, fraîches comme le jour ! C’est que vous saviez quelle était la plus belle manière de vivre, et que celle-ci vous instruisit, lorsque l’heure funeste descendit, de l’art de se mourir, qui seul permet le grand départ, dans la sublimité des pensers et du style.

 

3. L’étranger.

Cet état de choses où tu te trouves,
Ne le considéreras-tu pas même un instant ;
Est-il seulement possible,
D’être si étranger parmi la connaissance, l’art et la nature,
D’être une étrangère en son propre pays ;
Est-il permis de survivre ainsi,
Au milieu des fariboles, des vétilles, des bêtes :
Au cœur des demi-hommes,
Éloigné des sentiers les plus purs,
Des monts les plus élevés —
Loin de tout ;
Tes racines ne te poussent-elles donc point
Aux actes dans la grandeur, —
À monter, à escalader, à goûter sans la peur
L’immense voûte claire ;
Et ton aile presque rognée,
À rejoindre l’éclair, à planer dans l’altier —
À éprouver au-dessus des humaines mers,
L’admirable éther ?!

 

Photo © iStockphoto.com / palau83

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La statuaire grecque et l’astre des nuits

La statuaire grecque et l’astre des nuits

4 octobre 2016 par Vincent PAYET

Alentour, les évènements mineurs grouillent, pareils à des vers indisciplinés plongeant dans l’écume des instants, et le précieux présent s’enfuit sur ses humides ailes toutes déployées. La raison de cette fuite accélérée est évidente. L’exigence, pour les cœurs qui peuplent le temps où nous vivons, est une parfaite étrangère ; nous voyons l’esprit errer de-ci, de-là, — flottant sur des épaules n’ayant plus l’habitude des choses denses, de la masse de la valeur, — ne sachant où donner de la tête, et ne se nourrissant, en passant, complètement éperdu, que d’éléments indignes d’y faire époque — si bien que la conscience non préparée, non avertie, par une manière d’insidieuse indigestion est happée. Cette âme saisie, dont l’estomac éprouve moult tourments, cette âme toute malade est comme prise par la surprise même ; et les causes étant ce qu’elles sont, les effets, inéluctablement, appartiennent aux plus tenaces : l’état morbide s’installent dans l’avenir, la rendant incapable de faire face d’une part aux éruptions en son sein, de l’autre à l’éclosion des crises du milieu. C’est ainsi qu’elle ne prend pas en considération la belle religion — qu’elle s’établit dans une complète indifférence à l’égard de l’Art ; piétinant ses plus charmantes plantes, elle délaisse ses pensées élégantes, ses émotions épurées, son grand caractère naissant : l’important de l’existence, le sel de sa vie est laissé de côté. Ainsi, au crépuscule de sa destinée, en ces moments où le sentiment de la limite, où la dureté de la barrière, où l’inéluctable borne… en ces éternelles heures où il semble que le Terme lui-même veut imposer, incessant, ses propres sentiments, sa loi à la vaincue, la pauvre pensée… lorsqu’elle lance ces regards vides en direction de ce passé par trop fuyant, de ce paradis perdu à jamais, c’est pleine d’une insoutenable certitude que la malheureuse se voit dans la glace : envahie par les ombres, emplie de noirs désirs, de sombres regrets. « Ciel ! qu’aperçois-je ? s’écrie-t-elle alors, en plein désespoir. Autrefois tant de grandeur s’offraient spontanément à mon cœur, tant de charmes, de forces, de bontés flottaient là, proches, auprès de mes hautes espérances ! mais j’étais si aveugle, si sourde, si froide !… ; entreprendre de les étreindre, d’épouser mes propres formes, d’enlacer de mes bras mes enfants ! tout cela, ma condition me le refusait ! Ah ! toi, misérable créature que je suis devenue ! l’occasion inestimable était… d’habiter les nobles actions, de rencontrer le courage, de déposer des empreintes impérissables — telles celles de ces seuls femmes et hommes antiques dont on se souvient encore des noms, tels ces monuments des Égyptiens défiant continûment la flèche du temps, telles les plus élevées et les plus pures constructions humaines —, mais… elle était. » Ô petite flamme qui tremble désormais ! qui sent venir le vent froid ! si tu eusses su tout ceci, comme toute la face de ton œuvre aurait changé ; comme la valeur, la vigueur, l’essentiel, dans les déserts de l’absence, dans l’étendue aride de ta vie… — comme la plénitude se serait faite jour ! Las ! tu sens maintenant jaillir, de l’avenir que tu te figurais lointain, les rouleaux de la longue nuit ; tes oreilles devinent les ondes amères assoiffées et les tourbillons glacials hurlant de faim ; tu pressens un malheur : la venue du lourd manteau des sombres vagues infinies, les longs replis obscurs du futur exalté, les pas galopant dans la rigueur, le destin inexorable réduisant sans faiblir l’intervalle vacillant !… Ô drame ! N’ayant pu maîtriser l’art de vivre et de périr, tu n’es point en mesure d’opposer à la terreur le calme d’airain du sage ! lequel sait que le marbre des siècles possède ses marques pour l’éternité, lequel sait que sa nature, tout de même que la statuaire grecque, atteindra la pérennité, lequel n’ignore point… que même lorsque sa chair disparaît, l’astre du jour, quant à lui, devenu astre des nuits, à l’intérieur de l’âtre immortel, dans sa splendeur intemporelle ne cesse de flamboyer.

 

Photo © iStockphoto.com / ChiccoDodiFC

 

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