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Esprit et Liberté

Un espace et un temps pour les esprits libres

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Vincent PAYET

Des archétypes

Des archétypes

17 octobre 2016 par Vincent PAYET

 

1. Des archétypes.

Ô invisibles fils, terribles ornières, sables assoiffés ! Vous ! les conventions, l’habitude, le prosaïque… l’insignifiant, la funeste banalité ! Ô misérable condition de l’homme-machine ! de l’âme déterminée par les commandements, les programmes, les codes, soumise aux prémisses bien incertaines, à ces théories qui lui compriment le corps, à ces barreaux qui lui lacèrent le coeur ! Ô les créatures emprisonnées, les consciences tourbillonnantes, l’être avalé ! et l’infini oublié, l’acte créateur, la porte salvatrice, le rêve emporté ! Ah ! toutes les chaînes, les cellules, les cachots, ces archétypes d’une manière d’esclavagisme moderne — et tant et tant d’orbes abandonnées, de mondes parallèles plein de promesses, de pinacles de la pensée inhabités !

 

2. Daidalos.

Il est cet étrange lieu, dans lequel l’animal humain se débat comme un beau diable, et habituellement sans qu’il le sache ; une région à peu près invisible, pour l’ordinaire imperceptible, se révélant par intermittences et degrés aux esprits observateurs : comprenez le dédale des conduites sociales, de l’épistémê, des préjugés ; ces allées vétustes de cités usées, de mondes antiques bien enselevis à présent — ce vaste labyrinthe imposant aux existences, comme conditions de progression, les difficultés inextricables, l’engagement et l’égarement… en ses champs emmêlés, en ses ruines discordantes, — en ces terrains minés affreusement meurtriers.

 

Photo © iStockphoto.com / miro kovacevic

 

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Les motifs

Les motifs

16 octobre 2016 par Vincent PAYET

 

Jeune femme mal assurée qui toujours dans le regard d’autrui cherche l’approbation. — Bel esprit qui peu à peu s’altère parmi l’aveuglante et vénéneuse nuée de croyances farfelues. — Vivement préoccupée de son étrangeté, l’élégante dame farde son identité d’une fausseté éclatante pour se fondre dans la banalité. — Petite bibliothèque abritant suffisamment de niaiseries pour intoxiquer une belle âme, voire toute une famille. — Quelle sera sa place dans la tour infernale, au sein de cette monstrueuse hiérarchie sociale ? — L’enfant s’éveille en sursaut et vomit des décombres, des cendres, des flammes : toute la bassesse accumulée par les années. — Longues lamentations sur le dérèglement sociétal : le pouvoir, l’argent, la gloire mis sur un piédestal, la culture, le bon goût, l’esprit six pieds sous terre. — L’adolescent pleure le monde actuel, le foyer, le bon sens dévasté. — Les beaux jours de la vie passés dans les alarmes et la médiocrité, les flots de l’inanité, la baignoire tout ensanglantée. — Conversations du voyageur solitaire avec les timides nymphes de son âme, qui lui confient les aspirations secrètes, les discrets desseins de leur hôte. — Les deux frères jumeaux et la nouvelle-née ; les quatre oreilles, le couple de têtes, le duo de cœurs dont ils ont cruellement besoin n’habite pas leur logis. — Ses moments heureux s’évanouissent en fumée dans l’éternelle nuit, emportés sur les lugubres ailes de la frivolité, et cependant la gaieté, l’amour… la plus belle des belles, en la musique, en la littérature, en la science, en l’art se languit de lui… — Ô l’état actuel des choses et ses motifs innombrables ! Qu’à notre époque ceux-ci constituent les sujets de bien des vies ! Et combien de femmes et d’hommes, tandis que, pour ma part, l’envie de développer ces germes de poèmes me quitte promptement, semblent souhaiter ardemment y emménager, et s’y épanouir !

 

Photo © iStockphoto.com / NatBasil

 

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Le duo

Le duo

15 octobre 2016 par Vincent PAYET

 

Efforce-toi, esprit toujours jeune, de trouver ce qui n’est pas ordinaire sous l’ordinaire, de suivre la route tracée par tes inclinations. Sois donc attentif aux charmants motifs, habitant, souvent à ton insu, la composition de ton existence. Dans le bois enchanté ne passe pas à côté, sans daigner les remarquer, des chants des oiseaux, du bruissement des arbres, des babillements de ta nature. Car tout ceci, tu ne l’ignores point, de près ou de loin, ressortit au charme, à la grandeur, à la valeur de ta vie. Ainsi, à la suite de cette brève exposition cesse de t’enquérir auprès de moi des raisons de mon état : je ne suis sans éprouver une certaine gêne devant une vue telle, devant la scène où continuellement l’âme s’égare, et rien n’est davantage compréhensible ; quant à toi, feindre l’ignorance, c’est une possibilité qui t’est ôtée… Ah ! si tu ne souhaites pas soutenir ton âme, au moins ne la trahis pas ! Et voici une confidence. L’animal-artiste, l’Homme, qui peint avec des actes, plante son chevalet, non pas devant, mais en son propre cœur  : de là, il a une excellente vue sur son être, et il devient à même de rendre vivement avec sa tête le joyeux motif qui l’entoure. Le buste de sa Raison reste bien droit et cependant ses pieds s’abreuvent à la source, boivent son sang, s’imbibent de substance vitale très calmement. Et le reste n’est que conséquences naturelles, simple nécessité qui lentement s’opère — émergente valse du duo « motif rationnel/motif affectif ». — De là, il éprouve le sentiment très net que cette manière de concevoir l’action, si intense et si surprenante soit-elle, peut lui permettre de mieux sentir ce qu’il est, et ce qu’il doit et devra se faire. Mais je parle sans fin, encore, et encore ! mes yeux et ma conscience me forcent à m’attarder dans ces considérations ! — À quoi bon ?!… Finalement, en quoi tout cela me regarderait-il ?

 

Photo © iStockphoto.com / modera76

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Variété

Variété

14 octobre 2016 par Vincent PAYET

 

Combien d’erreurs ont été démasquées, et combien d’autres s’abritent encore dans les têtes ! Combien de pensées inconnues attendent patiemment, cachées, pareilles à ces pudiques beautés des champs, des rivières, des déserts, que leur élégance soit révélée ! Ah ! que Valery ne pouvait s’égarer lorsqu’il invoqua, à des fins d’intitulé d’ouvrages, le souverain terme Variété ; qu’il s’éloignait déjà des écueils de méprises élémentaires en parcourant sans aucune cesse les royaumes de la forme, de la structure, de l’architecture…, de la diversité, de la pureté, de la richesse… : le domaine de la grandeur des choses — que celles-ci appartiennent ou non à l’ordre de l’esprit, qu’elles soient ce que celui-ci s’imagine percevoir, ou bien cet esprit soi-même. — Les yeux actuels (ceux qui connaissent la vue), produisant leurs moyens, renforçant leur substance, atteignant des lignes de faîte toujours plus élevées en la puissance, plongent dans les vertiges d’une ignorance proportionnellement grandissante ; en quittant les découvertes et les régions éclairées, l’humain flotte immédiatement dans les intenses obscurités, en ces lieux singuliers, en ces inconnus inouïs, en ces insondables forêts. — Coeurs sensibles, corps semblables, mes amis, que la matière, l’espace, le temps, l’énergie sont des créatures si simples et si nébuleuses, tellement étranges, indiciblement charmantes ; qu’au milieu des mers quantiques, de leurs évènements innumérables et incertains, qu’au sein des tourbillons du réel — de ce réel qui est grains d’émergence, mouvements continuels, relations, systèmes, qui est nues de probabilités, mères qui enfantent — le poète est une émergence, une créature aussi nécessaire que spontanée ; et que cet enfant du monde se trouve dans son élément parmi les particules lumineuses, les lettres enchantées, ces hommes, ces femmes se quittant et se retrouvant, ces amants tantôt se déchirant, tantôt se mêlant — au milieu de cette fabuleuse grammaire fondamentale de la nature ! Oui, heureux qui sait encore accueillir le chant de Lucrèce — ces atomes et ces combinaisons, cet univers foisonnant, cette faune et cette flore prodigieuses —, la conscience laissant l’inestimable voix, les doux murmures, les semences divines vibrer, grandir et fleurir dans son cœur ; heureux les Werther et les Wilhelm ! ces âmes douées de sensibilité… capables d’accueillir les graines d’or les cœurs ouverts puis, à l’heure propice, de les cueillir ; heureuses donc mille fois, heureuses les personnalités qui s’épurent, ces sphères ivres d’infini, assoiffées de poésie, de mondes, de vérités ! Car à chaque coin d’espace et de temps s’apprêtent le charme secret et les vastes bienfaits ; car si proche est le son de la nature. — Mais seul celui qui ouvre la fenêtre de son logis est à même de goûter la mélodie des places et des siècles. Seul celui qui est et se fait le fin connaisseur en bonnes choses sait recevoir les ondes élégantes, palper les augustes cordes — est en mesure d’honorer la mystérieuse et sublime réalité.

 

Photo © iStockphoto.com / sswartz

 

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Lecture en eau trouble

Lecture en eau trouble

13 octobre 2016 par Vincent PAYET

 

L’homme moderne est bien pauvre dans ses lectures, cela est bien connu… En vérité, rien n’est davantage éloigné de la réalité. Dans les faits, il avale l’excès, engloutit les termes sans même les apprécier ni les mâcher ; l’étonnante créature, d’une gloutonnerie dégoûtante, se sépare du temps mis à sa disposition par la fortune pour rencontrer les meilleurs ouvrages en sa propre langue et parmi les nations étrangères, pour connaître les écrivains les plus remarquables, les esprits admirables de son époque et du passé. La bête parcourt des sentiers, des voix, des lignes qui ne mènent nulle part ; son esprit fait du surplace et, comme une flamme privée d’oxygène et gravement blessée par cette absence de mouvement, faute de soins faiblit et se meurt. Les fauves dévorent ses plus heureuses heures, ses moments précieux, ses jours radieux ; — et la proie se lance aveuglément dans les brumes intenses, le vide, les abîmes, — dans les mangeurs de temps ! Ah ! qu’en tout ceci le grotesque sourit ! Qu’en voulant fuir l’ordinaire, — la malheureuse y plonge ! bien au contraire.

 

Photo © iStockphoto.com / Kotkoa

 

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Invitation au voyage

Invitation au voyage

12 octobre 2016 par Vincent PAYET

 

1. Invitation au voyage.

Il faudra bien un jour que nous, les inactuels, les apatrides, nous, les albatros, les hypersensibles, les esthètes, nous, sans-patrie depuis toujours, émigrants de tous pays, nous nous levions et marchions ; que nous consentions au grand départ, à la séparation, au retrouvaille ! — que nous empruntions le long voyage… Mieux : que nous dansions sur les quais et gagnions le large ; gambadant dans l’incertitude, le péril, l’inconnu ; portant nos cœurs à un niveau supérieur, nous surmontant ; élancés et tout fiers, la volonté, le tronc bien droit sur des ponts d’envol, flottants, volants !… — Oh ! de hauts mâts ! Oh ! des voiles élevées, des cimes enneigées, des âmes altières planant au-dessus des mares hideuses, delà ces lois, ces considérations, ces illusions indiciblement terre à terre ! Ô les marteaux célestes s’abattant sur des étendues, des monstres, des abysses immondes : ces empires de pensées indécents, dégoulinants — révoltants. Ah ! que tout s’agite, se prépare ! Qu’un souffle frais déborde et veut emplir ! Déjà les secondes, les flots, l’avenir mugit et lance un appel… Vous aussi, oiseaux d’azur, peuples ailés, esprits nomades ! tandis que vos frères des bassins goûtent la fange, plonge dans leur destin comme dans un festin, vous repaîtrez-vous de grandeur, d’espace — larguerez-vous les amarres ?

 

2. Chirurgie fabuleuse.

Les pensées circulant dans la conscience sont ces objets imaginaires, ce décor abstrait constituant la « réalité » subjective. Et comme la plupart abritent l’erreur ! Mais voilà qu’arrive, tel un éclair fuyant les cieux, l’esprit scientifique, l’homme sage armé de la méthode, lequel dans l’organisme corrompu de la raison anime ses mains, des doigts à la fois théoriques et concrets ; et celles-ci prennent soin de leur amie en mauvaise santé ! la nettoient, l’opèrent, l’embellissent ! En lui-même et au sein de la culture, cet homme rare, exceptionnel, inestimable, — ce Chirurgien, — affronte dans la constance les unités d’informations erronées, les conceptions délétères, les entités décadentes. Et quels efforts il s’impose, quel but il porte, quels assurance et courage dans l’entreprise et la vision ! Rapprocher le subjectif de l’objectif, la chose pour soi de la chose en soi, mêler les deux réalités, unifier les mondes de « pur » esprit et de choses !… : ô l’idée merveilleuse ! ô la mission fabuleuse !… Ô le rêve.

 

Photo © iStockphoto.com / VeraPetruk

 

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Sentiment d’artiste

Sentiment d’artiste

11 octobre 2016 par Vincent PAYET

 

1. Sentiment d’artiste.

Qu’elles sont rares les âmes qui sentent assez pour sur le cours de leur vie voguer en plein sentiment d’artiste ; ces natures délicates, profondément sensibles, qui dans le simple plaisir de percevoir et de ressentir puisent leurs joies les plus radieuses ; ces consciences assez robustes pour, en accueillant les coups du sort les plus doux mais aussi les plus rudes, se laisser forger dans les hauteurs d’une sérénité intérieure primitive ; ces cœurs enfin sachant battre et se battre : bien de leur personne, bien hissés, bien élevés.

 

2. L’illustre invitée.

Mon ami, lorsque mes pensées en flots véhéments viennent frapper les rivages de mon crâne, il n’y a rien qui apaise mieux ces tourments que la vision de ces esprits à part, de ces individualités en plein monde mais à l’écart, séparés des hommes mais vivant en eux, qui dans une grande application peignent, dansent ou rêvent… composent, jouent ou chantent… ; qui au milieu de la détermination luttent contre le désordre interne et externe ; qui dans les fers et la misère du monde cherchent et rencontrent l’essentiel ; — et observent et accueillent ce singulier phénomène qu’est l’existence avec les pensées pures, les idées dignes, les sentiments gais, et reçoivent avec bienveillance, politesse exquise et enthousiasme l’illustre invitée — célébrée par ces marques d’honneur, louée de la grandeur.

 

Photo © iStockphoto.com / Vimvertigo

 

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