• Passer à la navigation principale
  • Passer au contenu principal

Esprit et Liberté

Un espace et un temps pour les esprits libres

  • Accueil.
  • Auteur.
  • Journal.
  • Newsletter.
  • Contact.
  • Archive.

Vincent PAYET

Le bon grain et l’ivraie

Le bon grain et l’ivraie

13 février 2017 par Vincent PAYET

 

1

Le bon grain et l’ivraie

    Dans nos yeux s’élèvent, silencieuses,
Les collines majestueuses.
Et déjà à l’intérieur de nos têtes ardentes,
Sous l’intime voûte,
L’effort, l’ascension, la subtile invitation
De résonner semble ne plus vouloir s’arrêter.
Toutefois, nous devrons d’abord traverser…
Traverser les vagues,
Les vagues étendues,
Sans cesse éviter,
Encore, et encore,
Éviter les lames,
Les fruits fatals,
L’ivraie enivrante ;
Et, regardant les hauteurs,
De celle-ci, de ses effets
Continuellement nous éloigner :
Tout en nous hissant graduellement,
Avec une constance,
Une ardeur journellement renouvelée, séparer —
Séparer à toute heure le bon grain et l’ivraie.

 

2

Quand il faut se taire

Qu’on m’éclaire, que l’on m’instruise de l’intérêt de tant et plus de paroles expectorées, quand, au préalable, le temps nécessaire n’est pas consommé afin de percevoir et d’imaginer, de sentir et de créer ? Quelles saveurs, quelles valeurs prendraient les morphèmes — insipides ! —, les concepts — imités ! —, les modèles — tout usés ! —, sans les sentiments, sans l’intuition, sans la vision personnelle du créateur qui par la fureur du sort aurait été rendu éloigné des images mentales du monde extérieur… à l’écart de sa propre réalité intérieure ? En ces déplorables circonstances, en ces vaines conditions, pour quelle raison une intelligence neuve s’obstinerait-elle ? Et parmi quels desseins ? — Parmi quelles platitudes ? Au milieu de combien de folie ?

 

3

Expériences perdues

    Tranches de vie,
Expériences successives,
Que votre présence est sentie ;
Combien parmi les veines-cuves
S’écoule par la fissure
Un sang toujours vif !

 

    Mais si, pour vous fixer,
Nul ne s’arrête un instant,
Alors que deviendrez-vous… ;
Où irez-vous vous perdre ? —
Belles, Belles à robe vermeille,
Qui, qui de votre éclat se souviendra ?

 

4

Végétalité du poème

    Le poème se tient là,
Dans sa verticalité propre,
Respirant, observant.
Il n’éprouve pas le lieu et le temps
Ainsi que le font l’aigle et le guépard,
Ainsi que l’animal humain ;
Non seulement tranquille,
Mais très dynamique,
Il ne forme pas uniquement
La vague hurlante,
Le mont immobile,
Le désert silencieux,
Ne court pas simplement au cœur
Comme la flèche, ou le glaive,
Ou le baiser, ou l’amour.
Dans toute sa force,
En l’instant renouvelé il se présente :
Serein spectateur et bouillant acteur,
Image inerte et tableau parlant,
Témoin muet et bouche invitante.
Semblable aux charmes de la plante,
Il est noblesse de même que fierté,
Exubérance aussi bien que réserve,
Pudeur ainsi que prudence. —
Il naît, croît et éclot,
Telle une évocation, une suggestion…
Telle une offrande patiente.

 

5

Jeunesse retrouvée

    Au loin s’élève une lueur,
Une élégante humeur,
Un air mélodieux :
Entend-on le poète ?

 

    Autrefois, son cœur accablé,
Ses poumons angoissés,
Sa voix railleuse et déclinante,
Tout en lui vacillait et grinçait.

 

    Mais combien il a retrouvé
La grandeur ! Combien, derrière lui,
Il dépose et laisse les souffrances,
La détresse, la misère, ses victimes !

 

    Et quelle joie à présent répandue !
Quelle ampleur nouvelle,
Quelle sagesse retrouvée,
Quelle jeunesse heureusement renouvelée !

 

6

Quelle prétention

    Composer des vers, quelle prétention !
Qu’on ne me noie pas dans l’humiliation !
Le torrent fait ce qu’il fait, est ce qu’il est,
Courez comme lui, impétueux et heureux.

 

    Lorsque vous l’entendrez rouler ses tourbillons,
De grâce, ne le couvrez pas d’immondices ;
Accompagnés de meilleures considérations,
Vous pourriez même vous y baigner !

 

    Composer des vers, quelle prétention !
L’onde déborde volontiers dans cette saison !
Danseuses timides, souliers presque libres,
Approchez ; approchez l’enfantine ronde.

 

    Et lorsque certains percevront la modeste vibration,
Sauront-ils vouloir l’accueillir aimablement ?
Car, si en un cours heureux l’oreille s’ouvrait,
C’est une âme amie qui jovialement se montrerait.

 

    Au reste, quand bien même elle devrait essuyer les outrages,
La pauvre petite ne vous fustigerait davantage :
Sa nature est ainsi faite que, depuis toujours et partout,
Elle apprend à éprouver la rude tempête.

 

7

Jeu vital

    Que l’on considère les phénomènes
De même que tous les objets du monde,
Que soit posé sur toute chose,
Concrète, ou bien immatérielle,
Un regard nouveau, comme enfantin.

 

    La vie forme un vaste jeu, très sérieux,
Qui dès sa naissance refuse la médiocre attention ;
Aussi ne suffit-il point d’y folâtrer trop légèrement.
Le nécessaire ? La toucher, la soulever,
Avec de gaies petites menottes la manipuler et l’aimer.

 

8

Encre rouge

    Qu’y a-t-il de si singulier dans son âme ?
Avec de l’encre froide, des mensonges,
Avec de la faiblesse, de la peur
Ses paroles ne sont point écrites.
Plutôt, ses caractères révèlent,
Aux yeux s’y penchant suffisamment,
La folie sans doute, mais l’ardeur également,
La fureur même, la haute et belle énergie,
Aux natures sachant voir,
Leur vraie nature, leurs substances vraies :
Un monde d’émotions, de sentiments,

Une encre dans l’intensité, une âme en ignition.

 

 

Photo © iStockphoto.com / Pepe_Saavedra

Classé sous :Journal

La Raison

La Raison

8 février 2017 par Vincent PAYET

 

1

La Raison

    Que sur le chemin de l’école
Les jeunes âmes s’ébattent !
Que leur joie débordante
Soit innocemment exprimée !

 

    Qu’à l’ombre des grands bois,
Au sein des vastes ramures,
L’écureuil continue de batifoler ;
Que la gaîté sous ses pas ait logé.

 

    Les plaisirs de notre âme,
Nous, nous les trouvons
Dans la découverte des vérités,
Parmi le jeu et la liberté.

 

    Notre pensée, notre corps tout entier,
Lorsqu’il s’exprime avec aisance dans les mystérieuses
Et rieuses régions du rêve et de l’imagination,
Retrouve le soi, l’envie… de vivre sa raison.

 

2

Des obligations

    Si toutes ces tâches dérangent les autres,
Comme à l’intérieur du créateur elles ennuient et entravent,
Combien les obligations l’irritent et l’accablent !
Qu’en lui, où les mouvements intérieurs ne s’épanouissent
Qu’à l’air libre, où le cœur se nourrit de hauteurs,
Le banal, le stérile… qu’en ce sein tout passe la gêne !

 

    Étrange destinée, ne laisseras-tu donc point vivre l’âme artiste ?
Ne lui sera-t-il point permis d’embrasser sans menottes,
D’épouser sans barreaux ni cachot
La course toute naturelle de ses ardentes inclinations ?
Ah !… que les considérables faveurs ne sont-elles point octroyées au mérite ? —

 

    Tonnerre ! Qu’à l’honnête homme soit accordé qu’il hume
À l’abri des vaines alarmes ses plus doux vertiges !
Que le poète chemine, que la nature libre croisse et se réjouisse
Dans la simple respiration, dans la pure inspiration :
Parmi son art, dans la spontanée, la déliée, la céleste ampliation !

 

3

Hallier venimeux

« Dans le lointain, va-t’en donc les chercher,
Et amène-les sur un sentier plus clair !… » —
Mais l’enchevêtrement est si serré, grand diseur !
L’accès si difficile, presque intangible, comme indécis !
Outre cela, ne devines-tu point l’extrême hostilité de l’endroit,
Sa méchanceté, son inconscience, sa décadence ?
N’entends-tu, dressées en ces sinistres lieux, parmi les sombres buissons,
Siffler en chaque point les innombrables têtes de vipères ?
Ne pressens-tu enfin la pleine vigueur de leur venin ?
Eh quoi ! tu voudrais qu’armé de mes seules espérances
J’allasse hardiment y semer quelqu’autre rayon, doux et bon !
Qu’un être doué d’une petite dose de bon sens s’y enfonçât et,
Dans ces forêts toutes sépulcrales, dans l’impasse instable,
S’essayât à affronter l’Hallier venimeux — l’Hallier impénétrable !
Allons ! devant de tels desseins, et surtout face à la réalité,
Ecoute !… Et entends !
Puisses-tu considérer tout cela, ensuite dans la confidence éclairer ma question !…
Pour lors, qu’y aurait-il en mon ambassade…
Qu’y aurait-il en la tentative qui ne soit l’oeuvre d’un fou ?

 

4

Vérité sidérale

    Espaces, temps, particules,
Champs quantiques,
Invisibles,
Immenses,
Proches,
Étrangers,
Que l’on s’imagine
Emplis d’amour,
Bien illuminés,
Amènes même,
Mais qui, en vérité,
Ne sont que de multiples divinités
À humeur volatile,
Pour l’ordinaire froides et obscures,
Des manières d’esprits
Essentiellement rieurs,
Si ce n’est tout à fait
Persifleurs !

 

 

 

Photo © iStockphoto.com / nadyaillyustrator 

Classé sous :Journal

Visage bleu

Visage bleu

6 février 2017 par Vincent PAYET

 

    « Sur la Lune,
En une pleine satisfaction,
J’éprouve les doux mouvements,
Les harmonieuses rotations…
Le cours serein,
La course tranquille de ma vie,
Me confia, minuscule, la créature ailée.

 

    M’éveillant dans l’heure fraîche,
Je rejoins ordinairement ma fenêtre
En vue d’admirer la courbure,
La rondeur, la majesté de ta planète ;
Tout songeur, tout impatient,
Du jour comme de la nuit
Je ne cesse de goûter la splendeur.

 

    Là, je tâte, je savoure, je bois
Vos montagnes, vos rivières,
Vos sables, vos geysers ;
Il n’y a pas un jour qui ne me voie
Admirer vos terres bigarrées,
Vos luxuriantes forêts,
Vos élégantes fleurs,
Vos admirables fruits.

 

    Là, j’observe des hommes la diversité,
Des conceptions ainsi que des actes la variété ;
Et trouve même le formidable au fond
De la sottise, de la barbarie, de la folie :
Le prodigieux à l’intérieur de la loi physique
Aussi bien qu’en sa progéniture.

 

    Et ces transports extraordinaires appellent la Poésie ;
Et de bien modestes sont souvent composées,
Qui régulièrement par lettres aériennes
Aux humains sont envoyées,
Lesquelles, aisément tu le devines,
Errent et demeurent sur le silence sidéral,
Parmi les inaltérables réponses
Du mépris et de l’indifférence.

 

    Mais le mutisme à également cela de bon
Qu’il permet de mieux pressentir,
Parmi le chaos qui n’est qu’apparence,
Le secret des sons,
La mélodie cachée dans les recoins,
Les airs chantant en l’indicible éther. —

 

    Ô coeur qui sait écouter,
Puisses-tu découvrir au travers de ma solitude… ma charmante Gaîté !
Ô ma digne et fidèle amie, sens donc !
Sens combien en cette disposition intérieure
Mon âme serait comblée,
Si de ce parfum, de ce visage, de cette symphonie
Le ciel me donnait de me délecter pour jamais ! »

 

 

 

 

Photo © iStockphoto.com / Pazhyna

Classé sous :Journal

Fable et Vérité

Fable et Vérité

3 février 2017 par Vincent PAYET

 

1

Fable et Vérité

Tout ceci, mon ami,
Paraît sortir d’une fable
Débordante de vacarmes
Et de tumultueux délires,
Issu de la bouche humide
Du premier des benêts,
J’en conviens volontiers.
Mais sache… sache
Qu’à très peu il est donné
De directement percevoir
Les phénomènes nous baignant,
La vérité nous imprégnant,
Les réalités nous composant.
Pour le commun des mortels,
Il faut, tout d’abord,
En un petit détour s’engager,
Emprunter la voie semblant
Pavée uniquement d’imaginaire,
Celle défiant, selon lui, la raison même,
Afin d’être en mesure, par la suite,
De donner le jour à de fraîches visions,
À de nouvelles représentations :
En soi, à des considérations valables,
À des conceptions autres. —
Autrement fondées,
Autrement réelles,
Autrement saines.

 

2

Beauté fatale

Quelle diaprure en ces yeux !
Quelles lèvres ombrées !
Et déjà un-je-ne-sais-quoi
Aux fatals attraits,
À la parure aux mille couleurs,
Aux mille et mille pièges,
Sans daigner les prévenir,
Irrésistiblement les amène.
Quel trouble !
Quel malheur !
Attitude, allure,
Courbure, langue séductrice :
La Bouche sulfureuse, la Folie elle-même ! —
Emplissant son insondable gosier,
Avalant par vagues, par wagons
Ses humaines et malvoyantes victimes,
Tout éperdues en ses funestes corsets,
Toutes perdues dans les effroyables lacets.

 

3

Courtiser les Muses

Combien de fois cet homme a-t-il cherché à te plaire ?
Combien de taquineries à toi adressées,
Combien de sentiments, de capacités mises à l’épreuve,
Combien d’invocations enfin, de prières, de misères
Irons à la fin périr sous le bras si âpre de ton impérieux rejet ?
Sur-le-champ, halte-là ! Déesse meurtrière !
Et, promptement, ose avouer à toi-même l’ampleur de tes actes !
Abandonnées, différentes victimes ont rejoint l’empire de la boisson,
D’autres, le drame des drogues et des innombrables frivolités… ;
Et quant à celles-là au loin, éprouveras-tu leur douleur ?
Sauras-tu à quel point désormais, par ta seule faute,
Par ton cruel abandon, la morbidité, la décadence,
Le désespoir lui-même est devenu leur muse ?
Sentiras-tu, en cette heure décisive, à quel degré lugubre est leur danse ?
Oh ! non, non, jamais cela n’adviendra, bien évidemment, Froideur !
Eh bien ! sous les coups de ton indifférence,
Englouti dans les abîmes de l’impitoyable souffrance,
Dans les affres amères le pauvre amoureux finira par trouver…
Par effectivement rencontrer, et il ne sera pas le seul,
Ce tant obscur, ce tant funeste — sa misérable, misérable,
Sa misérable destinée.

 

Photo © iStockphoto.com / orensila

 

Classé sous :Journal

Mouvement vital

Mouvement vital

1 février 2017 par Vincent PAYET

 

1

Mouvement vital

Le chant s’élève et n’aspire qu’à la porter.
Que la conscience qui possède l’écoute
Apprenne à le reconnaître, à l’adorer !
Qu’en elle la joie, l’amour, le beau, le feu
Pénètrent peu à peu, et prennent leurs aises !
Que, telle la lumière entrant bien avant dans le verre,
L’Humeur nouvelle parvienne à l’intérieur de ses terres !
Pour lors, à l’endroit de cette âme attentive,
Qui saura la bonne manière d’accueillir son hôte,
Nous ne rassemblerons plus autant de soins angoissés,
Ne formerons plus tant d’alarmes, et, sans cesse,
Nos oreilles se délecteront de ses accents,
De ses charmes inédits, de ses boutons épanouis :
Pour lors, elles ne s’arrêteront de s’étonner
De ce que dans l’onde du monde, le mouvement vital,
La petite maîtrise un art fort rare, pour ainsi dire floral —

Celui, à toute heure, en tout lieu, d’heureusement se mouvoir.

 

 

2

Corps échancré

Une tête sur le sol posée,
Un vent frais par les narines humé,
Une eau claire des petits pieds goûtée,
La clepsydre du monde paraît presque figée.
La douceur, la tranquillité, le charme des lieux,
L’envelopper, c’est ce que la terre entière semble désirer.
Le liquide dérobé indique à présent l’instant de félicité ;
Temps et espace prennent une forme courbe ;
À l’entour, tout près, ici, étreignant l’être,
La prodigieuse Nature s’arrondit,
La créature se cambre peu à peu,
Les plis du vaste corps épousent les contours du mortel subjugué :
En l’indicible heure, en une réalité caressant, enlaçant le songe,

La côte s’incurve en une merveilleuse baie.

 

 

Photo © iStockphoto.com / Palladadesign

 

Classé sous :Journal

Libre pensée

Libre pensée

30 janvier 2017 par Vincent PAYET

 

1

Libre pensée

    Souffrez donc que mon mât
File vers d’autres terres,
Demeurez où vous êtes,
En prison, sous vos pierres !
Empressée, la conscience vogue
À pleines voiles, en pleine mer,
Vers les lointaines contrées :
Sous ses pas, la plaine azurée ;
Au-dessus, déployée, la voûte étoilée ;
Et tout à côté, veillant la petite,
Des esprits rieurs, indéfectibles,
La marotte et ses grelots imprescriptibles.

 

2

Beauté déchiffrée

    Elle a apprêté les heures pour votre arrivée,
Arranger chaque pli, chaque lieu,
Les fleurs dans le vase de la vie
De manière que vous puissiez être et persister,
Et, de manière que, tout émerveillées,
Ses créatures soient à même de jamais la contempler :
La Loi, si délicatement, si heureusement enveloppée,
La Nature, éclatante nuit comme jour,
La Beauté, en sa robe de chiffres et d’amour.

 

3

Existence éthérée

    Tant de volontés,
Sur le globe éparpillées,
Sur ta recherche
Ont mis l’accent !
Tant d’espérances,
De tout temps,
Vers toi seulement
Ont orienté leur envol !
Insaisissable forme,
Vie ailée :
Ô douce musique !
Ô vapeur légère,
Qui monte, ondoie,
Voltige, et s’évanouit !
Ô existence éthérée !

 

4

Les Si et la Bouteille vide

Qu’est-ce qui si ordinairement se loge dans la répétition ?
Le mensonge !
Car il n’y a pas de lieu où il se sente si bien, l’ignoble.
S’il éclatait au grand jour et qu’il dévoilât son hideux visage,
Les êtres seraient fort étonnés, troublés, comme embarrassés.
Et, pour la confidence, si astucieux que vous soyez,
Oh ! si subtils, si habiles vos doigts d’horloger !
Vous ne parviendrez à leur faire entendre raison.
C’est que même avec des si, le monstre,
Dans Paris, dans le temps, dans l’univers entier,
Ne saura jamais être mis en bouteille.

Mais, j’oubliais… : tout ceci importe si peu !

 

5

Ce qui fuit

    En la nue
S’égayent de doux regards ;
Un jeune garçon admire,
Prend son temps.

 

    Tout semble passer,
Se jeter, il ne sait où,
Dans la célérité ;
L’étonnement se prolonge…

 

    Les nuages,
De même que les saisons,
Ainsi que les âges,
S’écoulent, fuient… — coulent.

 

    Bientôt la vision est blanchie,
Plus contraignante devient la posture ;
Déjà les paupières s’alourdissent,
Le jour décline.

 

    Le vieil homme rejoint l’herbe fraîche,
Un digne silence l’y accueille :
La Nature, solennelle, tient sa parole,
À présent est récupéré ce qui fut hier prêté.

 

    Ciel ! que le songe fut bref !
Les secondes trompeuses !
Mais aussi, quelle histoire ! quelle aventure fabuleuse !

Et, florissant sur les lèvres toutes sèches, quel sourire éternel !

 

 

Photo © iStockphoto.com / Thomas-Soellner

Classé sous :Journal

Drôle d’impression

Drôle d’impression

28 janvier 2017 par Vincent PAYET

 

1

Drôle d’impression

Ne faut-il pas, à présent,
Répandre dans les têtes
Des impressions hautes,
Résistantes et durables ?
Imprimer dans la mémoire,
Dans cette âme des siècles,
En vieillesse et jeunesse,
En cet esprit planétaire
Le respect des droits,
Des valeurs, des autres,
Du monde comme du soi ? —
Cependant, toujours est imprimé
Le reste, le dérisoire… le vide ;
Encor méconnaît-on en tout lieu,
Encor méprise-t-on constamment
Les immuables et valables principes :
Tout ce qui forme chez l’humaine bête
Sa grandeur ainsi que sa fierté,
Sa dignité de même que son humanité.

 

2

Édifiés !

Ne vois-tu pas tous ces doigts
Qui, dans la fureur violente,
Qui, emplis de frénésie,
S’approchent par trop de toi ?
Constate si à la curieuse route,
En impasse, à ta perte
Ceux-ci ont soif de te mener !
Ciel ! pourquoi n’entends-tu pas
Leurs beaux et longs discours,
Leurs formidables exemples
De rire faire même pleurer
Le cœur le plus froid,
La nature la plus austère ?
Que diable ne sens-tu davantage
Combien, affichant leur conduite,
Leur bien précieux modèle,
À leur insu ils s’enfoncent
Profondément, profondément… —
Loin à l’intérieur du risible ?!
Que ne t’aperçois-tu enfin
De ce degré, tel ! où l’aveugle esprit
N’aspire qu’à édifier —
Qu’à édifier le borgne !

 

 

 

Photo © iStockphoto.com / berdsigns 

Classé sous :Journal

« Page précédente
Page suivante »

Copyright © 2025 Espritetliberté.com · Tous droits réservés . No Sidebar Pro On Genesis Framework