1. Anthropomorphisme et égomorphisme.
Assurément, ces individus ne sentent pas, ne ressentent pas, ne pensent pas comme nous ; et pourtant on leur attribue des caractères humains, on tombe dans l’anthropomorphisme ! Car on l’ignore encore : les apparences sont trompeuses, notre interprétation spontanée fait de nous ses dupes. Diablement étrange est cette croyance selon laquelle l’essence de ces âmes-là serait semblable à l’essence de ces âmes-ci. Diantrement puissante est la tendance qui mêle les objets, les phénomènes, les réalités disparates. — Pour ce qui concerne les êtres qui nous ressemblent, il existe en outre, certes, le problème de l’égomorphisme ; mais ses conséquences semblent bien moindres.
2. Des tristes personnages.
Elles sont assises fort sagement, là, devant leurs téléviseurs — Leurs, car un seul par demeure : croit-on que cela suffise à remplir ces cœurs ? —, fidèles au poste, hypnotisées, les foules hallucinées, les masses admiratives, par les feuilletons, les costumes, les décors fixes, les acteurs habituels. Pour autant, tout ceci ne devrait point surprendre l’oeil avisé, ce regard extérieur, puisqu’il le sait, lui, que l’organisme est une merveille de machine, d’ingéniosité, une structure qui sait s’adapter aux substances, même les plus toxiques. — Le seul ennui avec un certain nombre de ces « personnages » de la vie politique, du monde des affaires, de la sphère de la « culture », du royaume de la célébrité…, c’est qu’en dépit de leurs actes, de leurs manières, de leur aspects, et de tout ce que le bon sens est amené à en penser, — ils sont tout à fait… réels ! Et la raison pour laquelle nul ne s’en indigne ne réside que dans la constatation suivante. Ces terres, ces régions, ces consciences sont des pays de mal-voyants, de non voyants, disons mieux, de parfaits spectateurs. — D’un côté, il se trouve les comédiens principaux ; de l’autre, les secondaires : mais, la plupart, et sans distinction de nature, jouent un bien triste rôle…
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