Des menaces imminentes rodent alentour : il faut sonner l’alarme, appeler au secours. Les ennemis invisibles s’agitent et approchent, mais, villes et campagnes, tout ici semble immobile, paisible — en un songe. Elles méconnaissent la venue des ombres, les âmes somnolentes ; elles ignorent l’effroi, celui qui sauve parfois. Eh bien, me voici ! apportant la nouvelle, en ces temps de grand froid, répandant le signal en tous lieux, réveillant les consciences, brusquement, sûrement. Sauve-toi vite, petite, la survie t’appelle, souffle ma voix dans les esprits et les corps, en l’Humanité allongée sur sa tombe, et, dans la pénombre, ne trébuche pas. L’alarme est au camp, mais ne vous y trompez pas ! je ne suis pas la cause de vos ennuis, mais bien la parole qui raconte, annonce, espère : le tiède zéphyr qui chuchote, embrasse, réchauffe, — le vent doux et prévenant qui prévient les drames affreux, les chagrins, les soucis — ces épouvantables alarmes susceptibles, par les mains de l’ignorance, de l’insouciance, de l’indifférence de survenir. Car c’est bien cela le réel danger, c’est bien elle, le redoutable péril : la pauvreté d’esprit ! Et c’est contre elle que la résistance doit s’armer d’armes puissantes, toujours et toujours : se disposer au combat. Allons, peuples du monde, civilisations, ma géniture, courage — all’arme1 ! — La science grandit, et cependant l’obscurité grossit : une obésité pernicieuse, morbide, décadente — un mal imminent. Ainsi, ne devient-il pas nécessaire d’opposer aux murmures de l’illusion, à ces histoires ensommeillant les consciences, d’autres sirènes, plus « fortes », plus vraies, plus sonores ? — Es-tu prête, petite pousse, à abandonner tes certitudes, ta servitude, ton aveuglement, à entendre et à voir, et, hors de cette atmosphère qui comprime, des anneaux qui étouffent, à t’évader, respirer, — à renaître liberté ? Enfin : as-tu l’âme d’une authentique voyageuse ? — Même si tu m’en assures, rien n’est moins sûr : je te connais trop, las ! — et cette connaissance, jamais ne rassure. Ainsi parlait l’esprit ailé.
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« Emprunté de l’italien all’arme, “aux armes” » (Ac. 1992).
Photo © iStockphoto.com / anttohoho
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