Au sujet du caractère essentiel de l’adéquation de la profession aux propriétés fondamentales de l’âme, tant de choses ont été dites ; et si peu, pour ce qui concerne le monde des loisirs. On croit généralement, à tort, que ces moments arrivent comme une sorte de récompense après la sueur, la contrainte et la plainte — tel un réconfort après l’effort — et qu’il suffit simplement de remplir ces espaces de temps éphémères, et ce, quelle que soit la manière, pourvu qu’il y ait plaisir. Le trouble réside dans ce que l’on entend ordinairement par « plaisir », « profiter », « bon temps » : si ce à quoi l’on songe tient de l’activité exigeante, requiert la majorité des forces individuelles, favorise le développement de la personnalité, la complexification de l’être, alors, oui, il semble que l’on puisse déclarer que la tâche réalisée soit probablement bénéfique. Mais si, au contraire, l’enjeu se situe uniquement dans le fait d’utiliser passivement ce temps disponible, d’oublier quoi qu’il en coûte les continuelles alarmes, alors, dans ce cas, il y a, cela tend vers la certitude, dilapidation de précieuses ressources, stagnation psychique, voire même régression. Le corollaire ? La personne cheminant par exemple dans l’impossibilité momentanée de changer de fonction se voit dans la misère, subissant une souffrance double, un volume double de poison, un « double whisky » — je dis Double, car j’entends pas là pendant l’emploi et après celui-ci ; et en plus, de sa situation, elle doit en assumer la responsabilité pleine et entière ! En outre, précisons l’évidence : les effets ne touchent pas seulement la victime, mais la totalité de la société ; laquelle devient à son tour la personne éprouvant les dommages, les répercussions fâcheuses, puisque cette dernière est privée des potentialités, des talents, des énergies favorables à elle-même — à tous. Car en effet, au cours d’un effort commun, lorsque des membres, des organes, des constituants d’un même corps concourent à la prospérité de l’ensemble — ce grand corps social —, la défaillance chez l’un produit nécessairement une dégradation des conditions, des régulations, de la vitalité du tout. Las ! y a-t-il actuellement un esprit qui fasse véritablement attention aux modalités d’écoulement de son existence ?… Qui sache y voir clair, au milieu de la sinistre fabrique des loisirs ?… — Ah ! fasse le ciel que les hommes d’aujourd’hui s’y opposent et répondent : Non ! — à l’Asservissement ; Non ! — à la malsaine Dépendance ; Encore non ! — à la Perversion du temps libre !… — et se mettent sans plus tarder… à la recherche de la qualité.
Photo © iStockphoto.com / martin951
Laisser un commentaire