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Esprit et Liberté

Un espace et un temps pour les esprits libres

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Archives pour février 2018

Fâcheuse thérapeutique

26 février 2018 par Vincent PAYET

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1. Fâcheuse thérapeutique.

    Par une curieuse évolution, il semble que les plumes veuillent communiquer avec l’Esprit de la littérature en ces termes : « Mon Dieu, rappelez-moi à votre bon souvenir, selon le bien offert à mes fidèles » ; et que par cette interminable quête de soins, de ces soins qui, croient-elles, n’effacent pas leur sensibilité, mais la rendent plus calme et plus bénéfique, elles s’évertuent pour contraindre tout ce qu’une phrase sait contenir de rudesse et de variété. Mais comment ne pas craindre, oeil perspicace, que cette inclinaison, si elle se confirmait, ne produisît des torts innommables ? et nous entendons par là qu’elle n’anéantît, au lieu qu’elle n’émancipât la conscience des liseuses et des liseurs ?

 

 

 

 

2. Pour la gloire des béotiens.

    Nos lettres ne cherchent pas les vains acquiescements, ni ne les reçoivent quand on nous les donnent. Nous jouons des flûtes lorsque viennent les honneurs captivants, pour trois raisons : les flatteurs ignorent l’objet de leurs penchants ; ensuite leur goût se dilate mais sans les écœurer ; enfin ils n’excellent que dans la ruse ! Ô balancement autre, ô beauté, ô création ! combien notre gloire tire son origine de votre seul jugement ! Qu’ils nous flagornent donc à loisir, nous ne boirons pas de leur eau ; nous ne changerons pas notre palais pour la gloire des béotiens, nous ne laisserons pas leur salaire récompenser nos oeuvres. Hé quoi ! pourrions-nous jamais souffrir que notre art soit ainsi dédommagé de tant d’abandons : comme une innocence corrompue sous le plus sauvage orgueil ?!

 

 

 

 

3. Plaisirs incolores.

    Toutes ces philosophies, ces sciences, ces littératures, tous ces arts, et nous gonflons le discours de nos vies d’éléments si vulgaires ! Autrefois, l’on durait moins longtemps, mais combien de délicieuses paroles ne savions-nous pas nous raconter en un seul jour ! Que ces loisirs actuels, nos éclats de plaisirs, nos débauches incessantes, que cette animation aurait paru incolore aux grands artistes du passé !

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Égalité du vouloir

15 février 2018 par Vincent PAYET

1. Égalité du vouloir.

    Cette égalité du vouloir effraye le commun, parce qu’il ne s’y mêle plus à ses inconstances, à ses fantaisies larges et ondulées, à ses vagues capiteuses où il tourbillonne sans fin. Ô conscience incurieuse, jusqu’où mèneras-tu la dérive, sans te résoudre à l’action profitable ? Que deviennent tes beaux aujourd’huis, tes vivaces demains, tes hiers grandioses, lorsque tu renvoies l’essentiel à un autre temps, avec tes lundis froids, tes jeudis moroses, tes dimanches plus vieux ? Combien les occasions manquent toujours, combien les conclusions ne viennent pas, quand tu nourris tes inconséquences, et que la verdeur même tombe en remise chaque matin ! On a beau vous reprendre de vos illusions, vous montrer vos propres abîmes, la faiblesse continue de vous astreindre aux travaux indésirables, et vous vous y enfoncez encore et encore. Endurez donc que nous vous fassions dommage en vos pratiques, vous qui n’offrez la noyade qu’à vous-mêmes. — Ha ! jugez un peu comme ils aiment à se perdre par le vain, comme ils passent indifférents à des saisons si printanières et si fructueuses.

 

 

 

 

 

2. Ingratitude publique.

    Nous chantons la gloire des éminents hommes parce qu’ils nous ont tous les jours portés en eux, dans leurs méditations et dans leur sommeil, dans leurs causeries et dans leur refuge, dans le privé et dans le publique, dans les honneurs et dans l’opprobre, dans leur confusion et dans leur harmonie, dans leurs triomphes et dans leurs disgrâces, dans leurs étonnements et dans leurs stérilité, dans leurs productions et dans leur crépuscule. Ils vivaient comme s’ils n’eussent découvert ni de forces, ni de légitimité, ni de bonheur que pour le progrès véritable des esprits ; ainsi comment réagirions-nous d’une autre sorte ? Combien une telle vie tranche auprès de l’ordinaire, combien une telle conduite leur fait honneur ! Ô témoignages si pauvres de la reconnaissance commune ! tous vos oubliés sont pourtant si dignes que vous leur dressiez maints autels. Ils ont toujours pensé des pensées de vie et non point des pensées de mort, et nous ne daignons pas même les rencontrer, nous ne voulons pas seulement les lire, les voir, les entendre ! Trop de presse, trop d’inquiétudes, le peu de loisir vous en barre l’accès, dites-vous. Ha ! mais nul prétexte ne s’oppose à une obligation si supérieure !

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Plume resserrée

5 février 2018 par Vincent PAYET

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1. Plume resserrée.

    Il eût cru manquer entièrement à sa tâche, s’il avait renoncé à peindre les lumières de la raison. Il explorait les trouvailles de l’homme de recherche, et son esprit s’évertuait pour traduire leur substance. « Quel matériau fécond, quelle surface merveilleuse ! se disait-il » ; toutefois, au lieu de s’abandonner à l’ivresse des nombres et aux dérèglements de sa liberté, au lieu de boire les vapeurs agréables et de trop enfler une verve corrompue, il se réduit à la synthèse, il resserre sa plume dans l’élégant et le positif.

 

 

 

2. Deux types de théories.

    A : Comme dans la physique nous remarquons des modèles A, B, C aux égales conséquences, et notre inaptitude à fixer lequel est conforme, ainsi nous rencontrons dans le sacré diverses histoires dont la fin se trouve en Dieu, sans que nous parvenions à choisir la véritable. — B : Souffrez que j’y écrive deux mots. D’abord, malgré des représentations différentes, nos lois naturelles se composent d’une logique similaire, elles sont mathématiquement identiques ; ensuite, de quelque côté qu’on juge, leurs conclusions s’accordent avec l’expérience, et l’on en devinera aisément la portée. Une fois cela entendu, nous nous taisons sur-le-champ, car déjà nous voyons surgir de l’ombre les curieuses bouches ; et sauvage, et véhément parmi le troupeau : le malin, le retors, l’invincible gardien du miracle.

 

 

 

 

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